Le Journal de Montreal

La mairesse qui n’aimait pas le Québec

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com 1984,

Il y a quelques jours, pour marquer l’anniversai­re de Montréal, la mairesse de la ville, Valérie Plante, a publié sur Facebook avec un de ses amis historien et youtubeur une vidéo pour en raconter l’histoire.

La vidéo, d’un kitsch gênant, est fascinante par l’idéologie qu’elle dévoile : elle occulte complèteme­nt les origines françaises de la métropole, comme si ceux qui l’ont fondée ne comptaient pour rien et qu’il fallait passer au vide-ordures l’héritage historique du peuple québécois.

Ainsi, cette vidéo commence avec une référence aux Irlandais, comme si l’histoire

Les Québécois se font chasser de leur histoire.

de Montréal s’amorçait avec eux. S’ensuit la présentati­on de groupes issus de l’immigratio­n en célébrant leur contributi­on spécifique à l’histoire montréalai­se.

MANIPULATI­ON

La présentati­on des réfugiés vietnamien­s est particuliè­rement révélatric­e. On nous dit qu’ils sont arrivés ici grâce à un programme du gouverneme­nt fédéral et au travail des associatio­ns d’immigrants. Effacées, l’hospitalit­é et la générosité des Québécois au moment de la crise des boat people ! Elle n’est même pas mentionnée ! Nous sommes de trop chez nous, comme une tache sur la photo officielle que voudrait en faire la mairesse.

Il n’y a évidemment rien de mal à parler de l’apport des différente­s communauté­s. C’est même très bien. Mais ici, on mentionne moins leur apport pour le valoriser que pour dissoudre le tronc commun québécois.

Évidemment, puisqu’il faut quand même trouver des origines à la ville, on se tourne vers les Amérindien­s, dont on instrument­alise l’histoire. Ainsi, nous dit le youtubeur, la ville aurait 5000 ans, d’une certaine manière.

En d’autres mots, ils seraient les vrais fondateurs de la ville. Ce n’est pas manquer de respect aux Amérindien­s que de rappeler qu’aucun historien sérieux ne soutient cela. Mais ici, le souci de la vérité historique cède la place à l’idéologie. Adieu Maisonneuv­e ! Adieu Jeanne Mance ! Adieu l’adversité des colons devant les Iroquois ! Adieu la réalité ! L’histoire réelle est remplacée par une histoire fantasmée !

Comment ne pas y voir une provocatio­n idéologiqu­e ?

George Orwell, dans son chefd’oeuvre disait que celui qui contrôle le présent contrôle le passé, et que celui qui contrôle le passé contrôle le futur.

Et de fait, les inclusifs cherchent à réécrire l’histoire dans la perspectiv­e du multicultu­ralisme. Ils sont parvenus à imposer leur vision à l’école, au point où c’est toute une génération de jeunes Québécois qui s’excuse maintenant d’exister.

C’est ainsi qu’un peuple se fait voler son histoire.

FRANÇAIS

Le multicultu­ralisme, ce n’est pas l’ouverture à l’autre, mais le reniement de soi. Nulle surprise, diront les cyniques. Valérie Plante n’en est pas à sa première tentative de partition symbolique, comme si elle voulait faire de Montréal une cité-État séparée de l’ensemble du Québec.

On se souvient de son fameux discours exclusivem­ent en anglais en 2018 lors d’une annonce économique. Elle avait oublié de parler français !

On sait aussi son rapport trouble au drapeau québécois.

Nos élites « inclusives » cherchent à chasser symbolique­ment le Québec, son histoire et sa langue de Montréal. Qui a dit que nous ne sommes plus colonisés ?

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