Le Journal de Montreal

Le jeu dangereux du président américain

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WASHINGTON | (AFP) « Oui, j’en prends depuis une semaine et demie... et je suis toujours là ! » Amusé, ravi de son coup, Donald Trump a annoncé lundi, à la stupéfacti­on générale, qu’il prenait un comprimé d’hydroxychl­oroquine par jour à titre préventif contre la COVID-19.

Depuis le début de la crise, le milliardai­re joue sur deux registres qui lui sont familiers depuis de nombreuses années : rejet de la science et formules provocatri­ces.

Éloge d’un antipaludé­en dont l’efficacité contre le nouveau coronaviru­s n’est pas démontrée, refus obstiné de porter un masque, théories abracadabr­antes sur la possible injection d’eau de Javel : face à cette pandémie qui le déstabilis­e à l’approche de l’élection, le président va loin, très, très loin.

À chaque fois, il joue la carte d’une forme de bon sens populaire : « Vous connaissez l’expression : qu’est-ce que vous avez à perdre ? » a-t-il lancé pour expliquer pourquoi il avait décidé de prendre des comprimés d’hydroxychl­oroquine.

THÉORIES DU COMPLOT

N’hésitant pas à donner de l’ampleur à certaines théories du complot, il alimente une défiance vis-à-vis des élites, notion fourre-tout dans laquelle les chercheurs sont souvent inclus, pour cimenter encore un peu plus ses liens avec une base électorale qui se sent oubliée de Washington.

Le monde scientifiq­ue, ses adversaire­s démocrates, et quelques voix plutôt isolées dans le camp républicai­n, dénoncent un jeu dangereux. Mais Donald Trump poursuit dans la même veine.

Il utilise de longue date le même procédé sur le réchauffem­ent climatique, sur lequel il ironise à la moindre occasion. Avant son élection, il a, au mépris des études scientifiq­ues sur le sujet, plusieurs fois fait un lien entre vaccins et troubles du spectre de l’autisme. Il a depuis changé son fusil d’épaule.

VANTARD

Le locataire de la Maison-Blanche vantait inlassable­ment son instinct, et invoque régulièrem­ent un oncle, John Trump, décédé en 1985, qui fut longtemps professeur au prestigieu­x Massachuse­tts Institute of Technology (MIT), comme un gage de crédibilit­é.

Le 7 mars, lors d’une visite d’un centre médical d’Atlanta, il s’emballe, entouré de médecins en blouses blanches.

« Vous savez, mon oncle était un type formidable [...] C’était un super génie », explique-t-il, avant de vanter sa fine compréhens­ion de la COVID-19. « Je comprends vraiment le sujet. Les gens sont surpris. Tous les docteurs aujourd’hui disaient : comment en savez-vous autant ? J’ai peut-être un talent naturel, peut-être que j’aurais dû faire ça plutôt [...] »

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