Nos ados abandonnés
Depuis le début de cette crise, nous n’avons oublié personne. Ou presque.
On a pensé à nos aînés qui sont décimés, abandonnés ou encore confinés. On a pensé aux travailleurs qui sont au front, ou qui chôment à la maison. On a pensé aux bambins vulnérables dans les garderies et les écoles primaires. On a pensé aux entreprises et aux entrepreneurs. Aux agriculteurs. Aux artistes. Aux touristes et aux sportifs.
Mais pas aux ados.
Eux, ils ont été oubliés.
Bah ! peut-être qu’on s’est dit qu’un adolescent, c’est fait fort, ça s’adapte. Qui plus est, on a d’abord pensé que la pause imposée n’était ni plus ni moins qu’une période de vacances.
La relâche qui ne fait jamais relâche. Merveilleux, non ?
L’occasion de parfaire ses compétences à Fortnite et de battre des records de temps d’écoute de séries télé sur Netflix et illico.
CATASTROPHE ANNONCÉE
Mais le temps nous démontre de plus en plus que les impacts sont et seront catastrophiques pour les adultes de demain. Ils se morfondent, dépriment, tournent en rond et remettent tout en question.
Les risques reliés aux problèmes de santé mentale sont décuplés et les probabilités de décrochage sont alarmantes.
Et par décrochage, je ne parle pas uniquement du fait d’abandonner l’école. Car s’il est vrai que les pronostics sont sombres en cette matière, je parle aussi du décrochage au sens plus large.
Au fait de ne plus être motivé par la soif d’apprendre, de s’accomplir. Ne plus être stimulé, tant socialement qu’intellectuellement.
BOUCLER LA BOUCLE
Nous sous-estimons l’aspect fondamental de certains éléments dans le cheminement des adolescents. Prenons l’exemple de la collation des grades et du bal des finissants.
En entrevue à Qub radio, Pierre-Olivier Cloutier, un enseignant jeune et dynamique d’une école secondaire de Québec, soulignait avec justesse qu’il est faux de prétendre que ces événements sont futiles et sans signification.
Il ne s’agit pas uniquement de lancer un chapeau dans les airs et de virer une brosse.
On parle de l’importance de boucler la boucle, de fermer un chapitre avant d’en ouvrir un autre. D’officialiser la transition vers une vie de jeune adulte.
Tout comme il ne faut pas minimiser le caractère essentiel d’une rentrée scolaire physique, et non pas virtuelle.
La rentrée, c’est plus que le déballage de nouveaux cahiers Canada et le fait de retrouver ses amis.
Non, c’est l’amorce d’une relation avec un enseignant qui a la lourde tâche de créer un lien de confiance qui sera fécond pour cheminer tout au long de l’année scolaire.
C’est une étape cruciale qui est difficile à transposer sur un écran d’ordinateur.
Souhaitons que cette option soit écartée pour de bon par nos autorités. Et que nous puissions rapidement optimiser l’encadrement de ces jeunes, leur offrir des alternatives crédibles et davantage de soutien.
Parce que nos ados ne vont pas bien en ce moment.
Il faut s’en occuper, et vite.