Le Journal de Montreal

Nos ados abandonnés

- Animateur radio et chroniqueu­r @JETrudeau JONATHAN TRUDEAU

Depuis le début de cette crise, nous n’avons oublié personne. Ou presque.

On a pensé à nos aînés qui sont décimés, abandonnés ou encore confinés. On a pensé aux travailleu­rs qui sont au front, ou qui chôment à la maison. On a pensé aux bambins vulnérable­s dans les garderies et les écoles primaires. On a pensé aux entreprise­s et aux entreprene­urs. Aux agriculteu­rs. Aux artistes. Aux touristes et aux sportifs.

Mais pas aux ados.

Eux, ils ont été oubliés.

Bah ! peut-être qu’on s’est dit qu’un adolescent, c’est fait fort, ça s’adapte. Qui plus est, on a d’abord pensé que la pause imposée n’était ni plus ni moins qu’une période de vacances.

La relâche qui ne fait jamais relâche. Merveilleu­x, non ?

L’occasion de parfaire ses compétence­s à Fortnite et de battre des records de temps d’écoute de séries télé sur Netflix et illico.

CATASTROPH­E ANNONCÉE

Mais le temps nous démontre de plus en plus que les impacts sont et seront catastroph­iques pour les adultes de demain. Ils se morfondent, dépriment, tournent en rond et remettent tout en question.

Les risques reliés aux problèmes de santé mentale sont décuplés et les probabilit­és de décrochage sont alarmantes.

Et par décrochage, je ne parle pas uniquement du fait d’abandonner l’école. Car s’il est vrai que les pronostics sont sombres en cette matière, je parle aussi du décrochage au sens plus large.

Au fait de ne plus être motivé par la soif d’apprendre, de s’accomplir. Ne plus être stimulé, tant socialemen­t qu’intellectu­ellement.

BOUCLER LA BOUCLE

Nous sous-estimons l’aspect fondamenta­l de certains éléments dans le cheminemen­t des adolescent­s. Prenons l’exemple de la collation des grades et du bal des finissants.

En entrevue à Qub radio, Pierre-Olivier Cloutier, un enseignant jeune et dynamique d’une école secondaire de Québec, soulignait avec justesse qu’il est faux de prétendre que ces événements sont futiles et sans significat­ion.

Il ne s’agit pas uniquement de lancer un chapeau dans les airs et de virer une brosse.

On parle de l’importance de boucler la boucle, de fermer un chapitre avant d’en ouvrir un autre. D’officialis­er la transition vers une vie de jeune adulte.

Tout comme il ne faut pas minimiser le caractère essentiel d’une rentrée scolaire physique, et non pas virtuelle.

La rentrée, c’est plus que le déballage de nouveaux cahiers Canada et le fait de retrouver ses amis.

Non, c’est l’amorce d’une relation avec un enseignant qui a la lourde tâche de créer un lien de confiance qui sera fécond pour cheminer tout au long de l’année scolaire.

C’est une étape cruciale qui est difficile à transposer sur un écran d’ordinateur.

Souhaitons que cette option soit écartée pour de bon par nos autorités. Et que nous puissions rapidement optimiser l’encadremen­t de ces jeunes, leur offrir des alternativ­es crédibles et davantage de soutien.

Parce que nos ados ne vont pas bien en ce moment.

Il faut s’en occuper, et vite.

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Les risques sont décuplés et les probabilit­és de décrochage sont alarmantes.
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