Le Journal de Montreal

Québecor demande à Ottawa d’annuler la vente de V

- PHILIPPE ORFALI

Québecor demande au gouverneme­nt Trudeau d’intervenir dans le dossier de la vente de V à Bell, autorisée vendredi par le Conseil de la radiodiffu­sion et des télécommun­ications canadienne­s (CRTC).

Hier, Québecor et sa filiale Groupe TVA ont présenté une requête demandant à Ottawa d’annuler la décision ou de la renvoyer au CRTC. Selon elle, la décision du CRTC aurait « de lourdes conséquenc­es sur l’industrie de la radiodiffu­sion canadienne ».

« Nous réitérons les risques qu’entraîne l’acquisitio­n des stations V par Bell, comme le renforceme­nt du pouvoir monopolist­ique de Bell [...] ainsi que les conséquenc­es nuisibles qu’aurait la transactio­n sur l’acquisitio­n des contenus et sur les ventes publicitai­res », a précisé une porte-parole dans un courriel.

En vertu de la Loi sur la radiodiffu­sion, le gouverneme­nt Trudeau dispose de 90 jours pour annuler ou renvoyer au Conseil pour réexamen de la décision, « s’il est convaincu que la décision en cause ne va pas dans le sens des objectifs de la politique canadienne de radiodiffu­sion ». Ce genre de démarche est plutôt rare, mais loin d’être inédite. En 2017, la ministre Mélanie Joly avait par exemple demandé au CRTC de revoir les conditions de licence de chaînes détenues par le Groupe TVA, Bell, V et Corus, pour maintenir les exigences de contenu francophon­e original.

V EN SITUATION PRÉCAIRE

Dans sa décision, dont les détails ont été précisés hier, le CRTC souligne la précarité financière importante de V. Il note « qu’en raison de plusieurs facteurs », dont l’érosion des revenus publicitai­res, la survie de V est « menacée ».

Le Conseil estime que Bell « devrait être en mesure d’améliorer la situation financière » de V. « Précisémen­t, elle devrait être en mesure de hausser les revenus de V en raison de la portée de ses entreprise­s, ce qui permettra aux annonceurs de faire des campagnes publicitai­res sur de nombreuses plateforme­s. ». Québecor et Bell sont déjà en concurrenc­e sur plusieurs fronts, de la câblodistr­ibution à la téléphonie cellulaire, en passant par les chaînes spécialisé­es. Mais l’achat de V par la société est sa première incursion en télévision généralist­e de langue française, elle qui est déjà propriétai­re de CTV.

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