Reitmans terrassé par la COVID-19
Le détaillant doit se placer à l’abri de ses créanciers et fermera des boutiques
Après le Groupe Aldo, c’est au tour du détaillant Reitmans de se placer à l’abri de ses créanciers. L’entreprise montréalaise entame une importante restructuration et plusieurs magasins fermeront leurs portes.
« Sans cet épisode de la COVID-19, qui est vraiment arrivé comme un tsunami, on ne serait pas dans cette position aujourd’hui », a indiqué Jackie Tardif, présidente de la marque Reitmans Canada.
Au cours des dernières semaines, l’enseigne avait mentionné être à la recherche d’un financement.
Sans nouvel argent, la direction affirmait qu’elle pourrait être dans l’impossibilité de poursuivre ses activités.
Hier, Reitmans s’est finalement placée sous la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC). C’est le syndic Ernst & Young qui pilote le dossier.
Au Canada, le détaillant de vêtements, fondé en 1926, compte 576 magasins, dont 259 Reitmans, 106 Penningtons, 80 RW & CO., 77 Addition Elle et 54 Thyme Maternité, et environ 6800 employés.
Hier, la direction n’était pas en mesure de dire combien de magasins fermeraient leurs portes.
Toutes les options sont analysées, même la disparition d’une bannière. Des emplois pourraient aussi être abolis au siège social, à Montréal.
« Nous ne sommes pas bâtis pour survivre sans les ventes de nos magasins physiques. C’est 80 % de nos revenus. Même si nos ventes en ligne ont considérablement augmenté au cours des dernières semaines, c’était insuffisant pour combler la perte », répond Mme Tardif.
Cette dernière précise que cette restructuration va permettre de « repositionner » la société et d’avoir une plus grande « agilité ».
La vente de l’organisation n’est toutefois pas dans les plans.
DETTES DE PLUS DE 100 M$
Durant sa restructuration, l’entreprise prévoit poursuivre ses activités en ligne.
« Tous les magasins » de la chaîne devraient ouvrir leurs portes en respectant les consignes des gouvernements.
« La demande de protection en vertu de la LACC est assurément la décision la plus difficile que nous avons eue à prendre dans l’histoire quasi centenaire de notre organisation », dit Stephen Reitman, président et chef de la direction.
Au 1er février, Reitmans devait notamment 109 millions de dollars à ses fournisseurs, 14 millions de dollars en certificats-cadeaux et avait 24 millions de dollars en obligations envers ses retraités.
Par ailleurs, l’entreprise n’a pas payé ses baux pour les mois d’avril et mai.
DÉJÀ EN DIFFICULTÉ
Les problèmes financiers de Reitmans ne datent pas d’hier.
Entre février 2019 et 2020, le détaillant a vu chuter ses ventes de 53,5 millions $ pour s’établir à 869,5 millions $.
Au cours de cette période, la compagnie a fermé 18 magasins et la perte nette s’est chiffrée à 87,4 millions $.
Reitmans affirme être sur le point de dénicher un financement provisoire lui permettant de poursuivre ses activités.
Selon le rapport du contrôleur, le groupe a encore de la liquidité pour opérer jusqu’à la fin juillet.
En point de presse, le premier ministre François Legault a mentionné que le dossier du commerce de détail était complexe en raison des différents enjeux.
M. Legault a affirmé que son gouvernement travaillait présentement à mettre en place un programme qui serait complémentaire au soutien d’Ottawa.