Le Journal de Montreal

Samuel Morin a choisi d’y croire

Malgré plusieurs blessures, le défenseur québécois désire toujours jouer dans le circuit Bettman

- KEVIN DUBÉ

Le 6 novembre 2019, le défenseur des Flyers de Philadelph­ie Samuel Morin a pensé tout lâcher. Victime d’une deuxième déchirure au ligament croisé antérieur du genou en 19 mois, il a appelé son père, désespéré. « Je pense que je vais lâcher tout ça. Je suis tanné. Je vais revenir au Québec », lui a-t-il alors mentionné.

L’annonce de cette deuxième blessure majeure au genou était une autre goutte dans un vase qui débordait depuis longtemps.

Après deux premières saisons prometteus­es chez les profession­nels, dont un premier match dans la LNH lors de la saison 2016-2017, le choix de première ronde des Flyers en 2013 a vu sa progressio­n être freinée radicaleme­nt en raison des blessures.

Trois déchirures de suite à un muscle de l’aine, puis une au croisé antérieur du genou droit l’ont limité à 24 matchs lors des deux saisons suivantes.

Après être passé avec succès à travers la longue réadaptati­on de neuf mois nécessaire à ce que son genou soit de retour à 100 %, Morin avait donc bon espoir qu’enfin, tout ça était derrière lui lorsque la dernière saison a débuté.

Après un bon camp d’entraîneme­nt, les Flyers ont décidé de le garder, mais puisqu’il ne jouait pas souvent, ils ont cru bon de le renvoyer dans la Ligue américaine de hockey pour des fins de conditionn­ement.

ENCORE LE GENOU

À son premier match avec les Phantoms, le 6 novembre, Morin patine normalemen­t quand, soudain, il sent une douleur dans son genou.

Pas de doute : le ligament croisé antérieur a de nouveau flanché.

« J’ai toujours été un gars positif, mais là, je n’ai pas trouvé ça facile. J’ai appelé mon père et je lui ai dit que je pensais tout lâcher. J’étais tanné. J’aime le hockey et tout ce que je veux, c’est jouer, mais on dirait que mon corps me lâche. Je me suis posé beaucoup de questions sauf que ç’a duré une heure ou deux. Après, j’ai parlé avec Pat (son agent Pat Brisson) et on a établi un plan de match. J’ai rappelé mon père et je lui ai finalement dit que je voulais continuer. »

TOUJOURS À PHILADELPH­IE

Quand la saison de la LNH a été suspendue, Morin a décidé de demeurer à Philadelph­ie et de se prévaloir du privilège accordé aux joueurs blessés dans la LNH d’avoir accès aux installati­ons d’entraîneme­nt de leur équipe.

Depuis deux mois, donc, il est seul avec le thérapeute sportif de l’équipe et il continue de s’entraîner sur et hors glace en vue de la prochaine saison qui, il le sait, sera d’une importance capitale pour celui qui écoulera la dernière année d’un contrat de trois ans avec les Flyers.

« Je ne pouvais pas retourner chez nous à ne rien faire. C’est sûr que ma famille trouve ça plus difficile, mais il fallait que je m’entraîne », mentionne le colosse de 6 pi 6 po et 202 lb.

Parce qu’en plus de décider de poursuivre sa carrière de hockeyeur malgré les embûches, il a aussi pris la décision que son rêve de devenir un joueur régulier dans la LNH, il continuera­it à y croire jusqu’à la fin.

« Je sais que mes chances ne sont pas très élevées. J’ai parlé récemment avec

Maxime Talbot et je lui disais que mon but était juste de rejouer au hockey. Il était un peu fâché après moi. Il m’a dit : “Sam, crois-y. Tu vas la faire l’équipe, tu vas faire le travail”. Et il a raison. Je sais que les chances sont contre moi, mais il y a quelque chose à l’intérieur qui me dit que si j’y crois vraiment, je peux y arriver. »

LA PEUR

D’adopter une mentalité de gagnant et de continuer de se dire qu’il peut réussir ne sera peut-être pas la partie la plus difficile pour Morin.

Après s’être déchiré trois fois le même muscle dans l’aine, puis deux fois le croisé antérieur du genou droit, il devra trouver une façon de continuer de se donner à 100 % malgré la crainte que le genou ne flanche à nouveau.

« Je vais devoir passer à travers ça. Mon genou est correct et je crois au karma. Je fais tout ce qu’il faut, je suis resté à Philadelph­ie pour m’entraîner comme un fou. J’ai toujours cru que si je travaille fort, ça va marcher. C’est comme ça que mes parents m’ont élevé. Ça va être dur, mais ça va marcher. C’est comme ça que je trouve ma motivation en ce moment. »

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Sélectionn­é au 13e rang au total du repêchage de 2013, Samuel Morin semblait destiné à une brillante carrière dans la LNH. Les blessures ont toutefois grandement ralenti sa progressio­n. Sur la photo, il transporte la rondelle face aux Rangers, lors d’un match préparatoi­re, le 26 septembre 2019 à New York.
PHOTO D’ARCHIVES Sélectionn­é au 13e rang au total du repêchage de 2013, Samuel Morin semblait destiné à une brillante carrière dans la LNH. Les blessures ont toutefois grandement ralenti sa progressio­n. Sur la photo, il transporte la rondelle face aux Rangers, lors d’un match préparatoi­re, le 26 septembre 2019 à New York.

Newspapers in French

Newspapers from Canada