Trop tard le masque
Justin Trudeau porte maintenant le masque au travail, et la santé publique fédérale le recommande officiellement depuis hier.
On aurait pu croire que pareille directive, en temps de pandémie, ferait abondamment réagir.
Ce n’est pas le cas, tout simplement parce qu’elle arrive beaucoup trop tard.
Certains diront que la santé publique suggérait déjà le port du masque, et que donc, rien ne change. Vraiment ?
Si je vous suggère un restaurant, mais que je vous en recommande un autre, lequel allez-vous choisir ?
Une recommandation, venant d’une autorité sanitaire, a son poids.
CONTRADICTIONS
C’est peut-être une bonne chose que cette annonce d’Ottawa soit plus ou moins passée dans le beurre, car elle repose sur des fondements boiteux.
Un des principaux arguments avancés par la santé publique est que le déconfinement bat son plein. Les risques de contagion sont donc plus élevés, à cause de l’achalandage accru dans les transports en commun ou encore dans les commerces de proximité.
En somme, le masque est un bon outil pour prévenir une seconde vague d’éclosion. Qu’en est-il pour freiner la contagion, d’abord et avant tout ?
Soit, les bus, les métros et les trottoirs sont plus occupés. Mais de
nombreux commerces, à commencer par les épiceries et de nombreux services essentiels, n’ont jamais fermé.
HABITUDES
La patronne de la santé publique canadienne, la docteure Theresa Tam, n’a exprimé aucun regret quant au moment choisi pour trancher. Elle a plaidé que la science est changeante. Qu’on sait encore peu de choses du coronavirus.
Elle a du même souffle laissé entendre qu’un jour, peut-être, si une autre maladie s’attaquant au système respiratoire venait à se répandre, le masque deviendrait « la norme ».
La santé publique, après en avoir minimisé l’utilisation durant trois mois, laisse entendre qu’il pourrait à l’avenir être requis.
Le premier ministre, lui, le porte maintenant sur son lieu de travail. Nous y voilà, la boucle est bouclée. On a l’impression que les arguments soi-disant scientifiques ont été subordonnés à d’autres motifs, comme la pénurie de masques et le fait que son port n’est tout simplement pas dans nos moeurs.
Si nos autorités sanitaires souhaitaient créer chez nous une habitude, elles ont perdu de précieuses semaines.
On a l’impression que les arguments soi-disant scientifiques ont été subordonnés à d’autres motifs.