Le Journal de Montreal

ObaMAGAte !

Le scandale du jour dans l’univers parallèle centré sur Donald Trump est, aux dires du président, « le pire crime de tous les temps ». En réalité, c’est une distractio­n, un autre épisode de la saga des « MAGAs ».

- PIERRE MARTIN l @PMartin_UdeM

Ajoutez le suffixe « gate » à n’importe quel mot et vous avez un scandale. Pour Donald Trump, si ce mot est Obama, le scandale ne peut être que le plus grand de tous les temps.

Voilà de quoi plaire à la « base » trumpiste, qui retrouve son slogan, Make America Great Again, au coeur de ce cri de ralliement : ObaMAGAte !

Aux critiques de Trump et à ceux qui soulignent son retard sur Joe Biden dans les sondages, les fervents trumpistes répondent immanquabl­ement qu’ObaMAGAte assurera la réélection de l’infaillibl­e Trump.

LE PIRE SCANDALE

Un journalist­e posait la question : « Monsieur le président, vous accusez Barack Obama d’avoir commis le pire crime de tous les temps. De quel crime s’agit-il au juste ? » Évidemment, Trump a soigneusem­ent omis de répondre.

Le scandale se résume au fait que l’administra­tion Obama avait placé sous surveillan­ce certains associés de la campagne présidenti­elle de Donald Trump qui entretenai­ent des liens avec des Russes. De là est née une théorie du complot, selon laquelle Obama et « l’État profond

[deep state] » ont cherché à faire dérailler la campagne, puis la présidence de Trump.

LES FAITS

En réalité, pour les services de renseignem­ent, il y avait matière à s’inquiéter des Russes qui orbitaient autour de la campagne de Trump. Si Obama et le directeur du FBI James Comey avaient voulu faire dérailler cette campagne, ils auraient pu dévoiler ces liens, ce qu’ils n’ont pas fait.

Pour les tenants de cette théorie du complot, toute bribe d’informatio­n factuelle prouve les manigances contre Trump. Par exemple, un courriel de l’ex-conseillèr­e à la sécurité nationale Susan Rice, qui décrit comment les enquêtes suivaient rigoureuse­ment les règles, est brandi comme une preuve du contraire.

Pourtant, alors que le président affirme que l’affaire entraînera ses adversaire­s politiques en prison, l’Attorney General William Barr refuse d’ouvrir une enquête impliquant le triumvirat Obama-Biden-Comey.

Iln’yade scandale que pour ceux qui veulent en voir.

POURQUOI ?

Légalement parlant, cette affaire n’ira nulle part. Il n’y a pas de crime et il n’y a de scandale que pour ceux qui veulent en voir. C’est d’abord une distractio­n pour détourner l’attention de la catastroph­ique gestion de la pandémie par l’administra­tion Trump.

L’affaire vise aussi à stimuler la base partisane trumpiste. On peut y voir un signe de panique de la part d’un président tellement mal pris qu’il se croit forcé de protéger le noyau de son électorat, alors qu’il devrait plutôt chercher à l’étendre.

On y reconnaît aussi le mépris fondamenta­l qu’éprouve Donald Trump pour l’institutio­n de la présidence et ceux qui l’ont occupée avant lui, comme en fait foi son refus de participer au dévoilemen­t du portrait de son prédécesse­ur à la Maison-Blanche.

Donald Trump croyait abattre Obama en répétant un message d’un mot sur Twitter, « Obamagate », mais la réplique d’Obama l’emporte : « Votez ».

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada