Le Journal de Montreal

L’A380 abattu par la pandémie

Les compagnies aériennes abandonnen­t l’une après l’autre le très gros porteur

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PARIS, France | (AFP) Jugé peu rentable par les compagnies aériennes, l’A380, le vaisseau amiral d’Airbus dont la fin de la production avait été annoncée en février 2019, voit sa fin de vie encore accélérée par la crise du coronaviru­s et l’effondreme­nt du trafic.

Après la compagnie allemande Lufthansa qui a indiqué début avril qu’elle comptait notamment retirer de sa flotte ses six A380, c’est Air France qui a annoncé qu’elle arrêtait l’exploitati­on de ses neuf appareils, ce qui était prévu initialeme­nt pour fin 2022.

Et si le plus important opérateur du « Super Jumbo » pensé comme le successeur du mythique 747 du rival américain Boeing, la compagnie Emirates, n’a pas indiqué ce qu’il comptait faire de ses 115 A380, son président, Tim Clark, a affirmé qu’avec la pandémie, l’A380 était « fini ».

Airbus avait déjà annoncé en février 2019 l’arrêt des livraisons pour 2021 de son avion géant aux 251 exemplaire­s commandés par 14 clients, reconnaiss­ant ainsi que ce fleuron industriel apprécié par les passagers pour son confort constituai­t un échec commercial.

L’avion, dont les coûts de développem­ent ont représenté plus de 18 milliards de dollars américains (plus de 25 milliards $ CA), était vendu 445,6 millions de dollars américains (un peu moins de 620 millions $ CA) au prix catalogue 2018, le dernier publié par Airbus.

Plus grand qu’un 747, le quadriréac­teur, qui a effectué son premier vol il y a tout juste 15 ans et est entré en service deux ans plus tard, peut emporter de 575 à 850 passagers, grâce aux 550 m2 de sa cabine.

PEU FLEXIBLE

Mais son gigantisme nuit à la flexibilit­é. L’appareil ne peut pas se poser n’importe où : avec ses deux ponts, il requiert des installati­ons aéroportua­ires spécifique­s pour l’embarqueme­nt et le débarqueme­nt des passagers.

L’A380 offre le meilleur coût au siège du marché à condition d’être rempli à 100 %, selon Sébastien Maire, expert aéronautiq­ue au cabinet Kea & Partners.

Ce qui était loin d’être évident sur de nombreuses liaisons en dépit de la congestion d’aéroports comme Londres ou Los Angeles.

En lançant le projet d’A380, Airbus avait misé sur le développem­ent des « hubs » des mégapoles, desservis par un avion de très grande capacité, mais qui nécessite des aménagemen­ts et impose un taux de remplissag­e le plus élevé possible pour assurer la rentabilit­é des lignes.

Un pari raté pour l’avionneur européen dans un marché des gros-porteurs qui était déjà en surcapacit­é avant la crise. Airbus n’avait pas vu venir le tournant des biréacteur­s long-courriers de moyenne capacité comme le B787 « Dreamliner » de Boeing qui misait sur le développem­ent du point-à-point, c’està-dire des liaisons directes. Il a depuis répliqué avec succès avec son A350.

 ?? PHOTOS AFP ?? La compagnie aérienne Emirates possède 115 appareils A380. Son président, Tim Clark, a récemment déclaré qu’avec la pandémie, l’A380 était « fini ». En mortaise, un A380 en cours d’assemblage dans l’usine Airbus de Blagnac, près de Toulouse.
PHOTOS AFP La compagnie aérienne Emirates possède 115 appareils A380. Son président, Tim Clark, a récemment déclaré qu’avec la pandémie, l’A380 était « fini ». En mortaise, un A380 en cours d’assemblage dans l’usine Airbus de Blagnac, près de Toulouse.

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