Le Journal de Montreal

Fitzgibbon pose ses conditions pour une aide de 279 millions $

Les artisans du Cirque du Soleil mis à pied en raison du confinemen­t devront être payés

- VINCENT LARIN

« ON VEUT QUE LE CENTRE DE DÉCISION [...] SOIT ICI. ON VEUT QUE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTU­ELLE DEMEURE AU QUÉBEC » – Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie

La réouvertur­e du Cirque du Soleil est « essentiell­e » pour le Québec, selon le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, mais une aide financière du gouverneme­nt pourrait être accordée seulement si plusieurs conditions sont respectées.

« On veut que le centre de décision du Cirque soit ici au Québec, on veut que la propriété intellectu­elle demeure au Québec, on veut que la direction, le chef de la direction, le président du conseil [d’administra­tion], soient des résidents québécois, et que le siège social soit au Québec », a énoncé M.Fitzgibbon en mêlée de presse, hier.

Ce dernier a également précisé qu’une potentiell­e aide financière de la part de Québec ne devrait pas servir à payer de dividendes aux actionnair­es ni de bonis aux patrons. Des individus reconnus « criminelle­ment responsabl­es d’évasions fiscales » ne seraient pas non plus admissible­s, quoique le Cirque du Soleil paie tous ses impôts au Québec et au Canada, a-t-il ajouté.

Le gouverneme­nt du Québec serait disposé à prêter 279 millions $ via Investisse­ment Québec ou le Fonds du développem­ent économique pour sauver le Cirque du Soleil de la faillite, a rapporté TVA Nouvelles, hier matin.

Pierre Fitzgibbon a toutefois refusé de commenter ces informatio­ns en affirmant qu’il était trop tôt, et qu’aucune aide financière n’avait encore été approuvée.

Le ministre a également refusé de donner des noms quant aux entreprise­s ou aux individus intéressés à acquérir le Cirque du Soleil en précisant qu’il n’avait pas encore discuté avec tous ceux qui avaient démontré un intérêt.

« On n’a pas à choisir qui va être les propriétai­res. Ceux qui sont prêts à respecter les conditions qu’on considère essentiell­es pour le Québec, on va pouvoir les aider », a-t-il indiqué.

DETTE D’UN MILLIARD $

Le Cirque traîne une dette d’environ 1 G$. La direction de l’entreprise a d’ailleurs annoncé en mars la mise à pied de 95 % de son effectif, soit 4679 employés. Les 44 spectacles en représenta­tion dans le monde ont été arrêtés en raison de la pandémie.

Pour le porte-parole du Parti québécois en matière d’Économie, il est essentiel de venir en aide aux entreprise­s qui « structuren­t l’économie d’ici », comme le Cirque du Soleil.

Cette aide doit toutefois être assujettie à plusieurs conditions dont s’assurer que les artisans du Cirque mis à pied en raison du confinemen­t soient payés et qu’un potentiel prêt puisse être éventuelle­ment transformé en capital-actions.

L’OPPOSITION PRÔNE LA PRUDENCE

Martin Ouellet souhaite également que les liens qu’entretiend­raient certains propriétai­res actuels du Cirque du Soleil avec des paradis fiscaux soient éclaircis.

« Comme nous parlons ici de l’argent des contribuab­les et qu’il y a beaucoup d’éléments à prendre en considérat­ion, nous demandons au gouverneme­nt de statuer rapidement sur la forme d’aide qu’il entend octroyer », a fait savoir le porte-parole du Parti libéral du Québec matière de PME et d’innovation, Monsef Derraji.

Le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, souhaite que Québec s’assure de pouvoir consulter les livres comptables du Cirque du Soleil avant de signer un « chèque en blanc » à l’entreprise, et ce, afin d’éviter un « scénario à la Bombardier ». « L’argent public, ce n’est pas la petite caisse des entreprise­s », a-t-il indiqué, en entrevue.

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PHOTO SIMON CLARK Pierre Fitzgibbon s’est exprimé lors d’un point de presse, hier, à Québec, quelques instants avant le Conseil des ministres.

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