LOUISE DESCHÂTELETS Une insulte inacceptable pour ma femme
Chère Madame, on sent vraiment votre sincérité dans votre engagement quand on vous lit. J’aimerais cependant attirer votre attention sur un commentaire que vous avez fait et que je trouve injuste envers les femmes qui ont des livres en trop.
Bien évidemment, vous ne pouvez ressentir tous les vécus et les souffrances de chacun de vos lecteurs. C’est pourquoi il est dangereux de parler en général comme vous l’avez fait dans ce texte en particulier. Ma femme a trouvé très dur de vous voir écrire « … que n’ayant pas le goût tatoué sur le coeur, elle devrait s’abstenir de porter des leggings. »
Ma femme a été opérée d’une tumeur à la tête, et depuis, elle doit prendre un médicament pour régulariser son système et faire en sorte que la maladie ne revienne plus. Ça fait 12 ans qu’elle lutte avec ce problème. Avant son opération, son poids était de 122 lb et elle s’occupait bien d’elle, comme elle continue de le faire aujourd’hui, même avec un poids de 234 lb.
Lors d’un récent voyage en Floride, elle avait tellement le goût de se baigner, elle qui ne l’avait pas fait depuis si longtemps, que sa soeur jumelle est allée avec elle lui acheter un legging afin de dissimuler ses chairs de souffrance et lui permettre de se baigner en toute quiétude. J’étais si heureux de la voir enfin sourire.
Sincèrement, ce fut très dur pour elle de vous lire, pendant sa progression de l’acceptation de son état. Déjà qu’elle doit vivre avec les quolibets des gens pas vraiment sensibles à la douleur des autres. Et la cerise sur le sundae est venue d’une de nos belles-soeurs, un peu jalouse du confort que nous avons, qui lui a fait parvenir anonymement votre chronique en entourant votre réponse pour qu’on y voie bien le mot legging.
Ce qui me surprend, c’est que vous êtes, vous aussi, une femme. Alors comment pouvez-vous juger une personne de votre sexe, quand nous, les hommes, on est les premiers à penser à nos femmes et à vouloir les protéger ? J’admire et j’aime cette femme profondément, et je crois qu’elle mérite le respect. José Robichaud
Je vais commencer par m’excuser d’avoir blessé votre épouse puisque tel n’était pas mon but. Comme je ne m’adressais pas à elle, j’ai mal mesuré la portée de la réponse que je donnais à l’homme qui m’écrivait sa détestation des femmes d’âge mûr qui portent des leggings faits pour les adolescentes, quand en plus elles font de l’embonpoint. Et ma dernière phrase, « Tout le monde n’est pas né, comme vous à ce qu’il semble, avec le bon goût tatoué sur le coeur », se voulait ironique à l’endroit de ce monsieur qui signait « Un homme de goût ». Je lui parlais à lui justement, et non en général, comme vous le laissez supposer. En passant, si vous souhaitez aider votre épouse à s’accepter, vous devriez la retenir d’accorder autant de crédit au geste vicieux de votre belle-soeur.