Le Journal de Montreal

Vive les pédiatres ! En cette ère d’incertitud­e et de doutes entourant le déconfinem­ent, les pédiatres du Québec nous ont rendu un immense service. Ils ont remis en question l’évaluation coût/bénéfice des mesures anti-COVID imposées aux enfants.

- EMMANUELLE LATRAVERSE emmanuelle.latraverse@tva.ca

Ce faisant, ils nous ont ouvert la porte à un débat plus réaliste sur la suite des choses.

Il faut l’admettre, la COVID-19 n’est pas près de se dissiper. Il faudra apprendre à vivre avec, oser revoir certains « a priori » qui ont jusqu’ici dicté les règles du jeu.

REMETTRE EN QUESTION L’ÉVANGILE

Lorsque la COVID-19 a frappé, tout le monde est rentré dans le rang. Confinemen­t, Québec sur pause, tous les moyens étaient bons pour freiner la contagion.

Puis, les pédiatres ont lancé un cri du coeur pour sonner l’alarme quant aux coûts psychologi­ques, cognitifs et développem­entaux du confinemen­t sur les enfants.

Les services de garde et les écoles ont rouvert leurs portes, soumis à la discipline des deux mètres.

Ensuite, l’enjeu des camps de jour s’est pointé. Encore les deux mètres et le casse-tête surréel qui vient avec.

Et l’école en septembre ? Là, les pédiatres ont ouvert la machine.

Chicoine, Quach, Roy, nommez-les, ils sont venus rappeler qu’entre l’idéal de la santé publique et la réalité, il y a une marge, immense.

DES ENFANTS À L’ÉCONOMIE

C’est là le plus beau service qu’ils nous ont rendu.

Ils nous ont forcés à retirer les oeillères du confinemen­t pour considérer le long terme.

Depuis la mi-mars, on nous a formatés à gérer le risque zéro.

Or, il faut développer un nouveau modèle à moyen et long terme. C’est aussi ça le message des pédiatres.

Il ne s’agit pas ici de s’inscrire en faux face aux recommanda­tions de la santé publique.

Celle-ci fait son possible face à des données scientifiq­ues qui ne cessent de changer et d’évoluer.

Tout comme les enfants ne peuvent se développer indéfinime­nt dans une bulle, notre société n’a pas les moyens de s’imposer un second confinemen­t.

Ni socialemen­t, et surtout pas économique­ment.

Il faudra revoir les dogmes qui nous ont guidés jusqu’ici.

Malgré ses immenses efforts, le Québec a un taux de mortalité supérieur à la Suède qui, elle, a renoncé aux mesures draconienn­es.

Au-delà des nuances propres à chaque région, qui a eu raison ?

Si on peut aborder la protection des enfants en temps de pandémie sous différents angles, ne serait-il pas essentiel de faire de même pour le reste de la société en vue de la deuxième vague ?

Je pose la question.

Les pédiatres du Québec ont osé remettre en question l’évangile de la santé publique.

 ??  ?? Les élèves de l’école Douville à Saint-Hyacinthe rentrent de la récréation tout en gardant deux mètres de distance.
Les élèves de l’école Douville à Saint-Hyacinthe rentrent de la récréation tout en gardant deux mètres de distance.
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