Le Journal de Montreal

Ouvrir son portefeuil­le aux années 80 et 90

- Antoine Joubert Le Guide de l’auto

J’ai possédé une centaine de voitures dans ma vie. Quelques-unes neuves, mais surtout des modèles d’occasion. Parfois, il s’agissait de vraies minounes ou encore de voitures achetées à bas prix pour la revente, ce qui m’a permis plus jeune de me payer de petites vacances sans grand effort.

Or, dans la plupart des cas, j’achetais par passion. Parce que le modèle me plaisait ou parce que je savais qu’avec un peu d’attention, je pourrais changer complèteme­nt son aspect.

Hélas, comme j’étais jeune, plusieurs bagnoles étaient hors de ma portée. Je n’aurais peut-être pas dû dépenser autant dans les arcades, c’est vrai, mais il n’en demeure pas moins qu’à l’époque, je ne pouvais que rêver des Celica GT-S, Honda Prelude, Volkswagen Golf GTI, Porsche 944 et Ford Mustang 5.0 que je croisais sur la route tandis que j’étais au volant de ma pauvre Toyota Tercel.

Aujourd’hui, ces voitures m’interpelle­nt toujours autant. Croyez-le ou non, j’éprouve beaucoup plus de plaisir à conduire une Honda CRX Si 1991 (108 chevaux) qu’une Mercedes-AMG C43 de 385 chevaux.

Le fait de conduire un véhicule léger, agile et surtout, sans électroniq­ue, fait en sorte que le sentiment de contrôle est plus grand. Et puis, pas besoin de rouler à 200 km/h pour obtenir des sensations avec ces voitures. Elles vous procurent du bonheur dès les premiers tours de roue.

Non, ma petite Honda CRX Si de 108 chevaux n’est pas climatisée. Elle est dépourvue de la servodirec­tion, et ne possède comme accessoire électrique que le toit ouvrant. Un toit en tôle ! Donc, pas de vitres et de rétroviseu­rs électrique­s, ni de régulateur de vitesse. Trois pédales, deux sièges, un volant, un frein à main manuel, pour une masse de 880 kilos. Et croyez-moi, la sonorité exaltante de ce petit quatre cylindres ne provient pas des haut-parleurs.

À FAIRE RÊVER

Cette CRX fait partie d’une microcolle­ction de voitures qui m’ont fait rêver dans ma jeunesse et que je me suis procurées au fil des ans. On y retrouve aussi une Mazda Miata, une Toyota Supra et une Volkswagen Corrado. Des voitures qui se sont souvent retrouvées écrasées contre un arbre, qui ont été volées et, oui, qui ont parfois causé la mort. Contrairem­ent aux voitures d’aujourd’hui, la sécurité tant active que passive était limitée à l’époque.

Tant bien que mal, je recherche toujours celle qui m’a fait rêver depuis mon tout jeune âge. Une Volkswagen Rabbit GTI 1983-1984. Une voiture simple, ne produisant que 90 chevaux, mais qui a carrément inventé la catégorie des compactes sport. Plutôt rares, bien qu’elles fussent populaires à l’époque, les Rabbit GTI ressortent aujourd’hui des garages de ceux qui les ont conservées pendant quelques décennies.

PRIX INDÉCENTS

Le problème, c’est qu’elles se négocient à des prix qui frisent l’indécence. Un exemplaire en très bonne condition et 100 % original se vendra au-delà de 20 000 $. Et je pourrais vous citer plusieurs exemples de voitures qui se sont vendues à des sommes bien plus élevées. J’ai même personnell­ement misé jusqu’à 21 500 $ US pour une GTI 1984 d’exception, ne remportant même pas la mise. Traitez-moi de fou si vous voulez, mais vous êtes maintenant à même de constater que je ne suis pas le seul !

En fait, la plupart des voitures qui m’ont à l’époque fait rêver se vendent maintenant à des prix très élevés. Et je dirais que jusqu’en 2013-2015, leur valeur était encore faible. Par exemple, on pouvait facilement à cette période mettre la main sur une Camaro IROC-Z 1987-1988 pour 6000 $ ou 7000 $. Aujourd’hui, bonne chance pour en trouver une en très bonne condition pour moins de 15 000 $. Même chose pour les Mustang 5.0, Toyota MR2 et Volkswagen Corrado.

LES ANNÉES 80 ET 90

Bref, ma génération semble avoir beaucoup d’engouement pour les modèles des années 80 et 90. La valeur des voitures de cette époque grimpe en flèche, au grand dam de mon portefeuil­le. Cependant, on pourrait aussi croire que la valeur des automobile­s des années 60 et 70, qui a atteint des sommets indécents, est appelée à chuter. Parce que ma génération ne raffole peut-être pas autant des muscle cars que les baby-boomers ont pour la plupart restaurés à gros frais, pour en faire de véritables bijoux.

Mon petit doigt me dit que plusieurs collection­s de muscle cars se retrouvero­nt bientôt sur le marché, par désintérêt du propriétai­re et de sa succession. Cela risque alors de faire pencher la balance de l’offre et la demande. Donc, est-ce qu’une Golf GTI 16V 1992 pourrait un jour valoir plus cher qu’une Chevelle SS 396 ? Assurément. Ce n’est qu’une question de temps…

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Certains modèles des années 80 et 90 ont vu leur valeur grimper en flèche au cours des dernières années. C’est le cas de la première génération de la Volkswagen Golf GTI.
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