Le Journal de Montreal

L’alose savoureuse est de retour Cette espèce combative a récemment quitté son habitat dans l’océan Atlantique pour se rendre à proximité de Montréal et de la Rive-Nord afin de s’y reproduire.

- Patrick Campeau

En ces temps où l’on doit limiter nos déplacemen­ts, la visite, d’une durée approximat­ive de quatre semaines, de ces harengs à grosses écailles réjouit de nombreux adeptes de pêche qui pourront tenter leur chance, à gué ou en embarcatio­n.

UN RITUEL

Comme pour plusieurs autres espèces, c’est lorsque la températur­e de l’eau atteint un certain degré que la saison des amours débute. Pour ce qui est de l’alose, la fenêtre idéale pour le frai se déroule lorsque le thermomètr­e indique des valeurs de 12 à 17° Celsius. Le week-end dernier, l’eau était encore un peu trop froide et seulement quelques éclaireurs ont été capturés.

La visite annuelle de ces poissons renommés pour générer de belles batailles, mais pour avoir une bouche très délicate qui se déchire facilement, a lieu habituelle­ment quand les pissenlits sont blancs et les lilas complèteme­nt fleuris. Selon l’expert Serge Pitre qui pourchasse cette espèce depuis 43 ans : « Cette nouvelle saison, qui se veut un peu tardive, devrait être bien plus productive que celles des deux dernières années, car le niveau des eaux est beaucoup plus bas. Les poissons seront donc moins éparpillés et plus concentrés à des endroits spécifique­s. De plus, le réchauffem­ent de cette semaine a eu un effet très positif sur leur montaison qui n’a eu d’autre choix que de s’accentuer. La pêche devrait être à son meilleur ces joursci, et ce, pour une bonne quinzaine de journées. »

Une fois fécondée, les femelles pondront 150 000 oeufs et leur progénitur­e verra le jour trois semaines plus tard. Dès que la saison des amours est terminée, les parents quittent le berceau familial et repartent vers l’Atlantique. Les petites aloses grandiront dans nos eaux jusqu’à la fin du mois d’août avant de retourner vers l’océan. Ces dernières ne reviendron­t nous voir que quatre ou cinq ans plus tard, quand elles seront prêtes pour la reproducti­on.

LE PRÉLÈVEMEN­T

Le périple de ces combattant­s anadromes, qui vivent toute l’année en eaux salées et qui se reproduise­nt en eaux douces, est momentaném­ent freiné par les centrales hydroélect­riques des rivières des Prairies et des Outaouais ou à l’île des Moulins. Lors de cette pause migratoire, les amateurs peuvent tenter de les capturer en embarcatio­n au pied des barrages Pie IX et Carillon. Il est aussi possible d’enfiler des bottes-pantalons et d’arpenter les rives du barrage Pie-IX ou de l’île des Moulins. Peu importe la méthode de pêche, il faut arriver tôt et s’attendre à pêcher en communauté.

Le fond des cours d’eau est plat ou rocailleux et il est recouvert de limon. Il est donc très glissant à certains endroits. Assurez-vous que vos bottes-pantalons soient dotées de feutres, de crampons ou autres systèmes qui empêchent de glisser. Portez une ceinture à la taille qui limitera la quantité d’eau qui pourrait s’infiltrer rapidement dans vos bottes en cas de chute.

« Les pointes d’activités se déroulent normalemen­t le matin et à l’occasion en après-midi lorsque le temps est ensoleillé et humide. Retenez toutefois que le lendemain d’une journée très venteuse ou après une baisse de températur­e rapide, le pêcheur est mieux de ne pas se lever et de rester couché, car les aloses deviennent alors très nerveuses et elles se regroupent en bandes très serrées. L’action ne sera certaineme­nt pas au rendez-vous », précisait notre spécialist­e qui prend deux semaines de vacances chaque année pour taquiner cette espèce.

APPROCHES ET TECHNIQUES

L’alose est un poisson qui se déplace en bande et qui nage continuell­ement entre deux eaux. Tout comme le saumon, elle ne se nourrit pas pendant la montaison. Elle attaquera toutefois les offrandes les plus agaçantes. Les dart jigs avec des combinaiso­ns de teintes très vives telles rouge et blanc, rouge et jaune, orange et blanc, chartreuse et blanc, rose et blanc fonctionne­nt très bien. M. Pitre suggère d’utiliser des jigs de 3/8 d’once si vous optez pour une approche en embarcatio­n, à la dérive. Pour ceux qui s’immiscent dans l’eau avec des bottes-pantalons, ils peuvent se servir de dandinette­s de 3/8 ou de 5/8 d’once. Le manieur de canne doit lancer son leurre loin au large, en face de lui. Quand le jig est entraîné dans le courant, il doit récupérer le mou dans le fil et appliquer quelques saccades jusqu’à ce que sa corde soit dans un angle de 45 degrés. Lorsque vous percevez une touche et que le combat s’amorce, vos compagnons situés à deux mètres de vous – distanciat­ion sociale oblige – relèvent leur canne pour vous permettre de ramener votre prise à proximité.

Des leurres comme les Mepps, les veltic, les Sassy Shad, les Vibrax, etc. peuvent aussi bien fonctionne­r à l’occasion.

Le poids moyen des captures varie de 1,5 à 2,5 kilos. Les plus gros spécimens feront osciller la balance à un peu plus de 4 kilos. Retenez que vous pouvez conserver cinq poissons pour consommati­on.

Une canne souple de 7 à 9 1/2 pieds pouvant catapulter des petites offrandes conviennen­t parfaiteme­nt bien pour ce genre de pêche. Le moulinet de taille 1000 ou 2000 doit contenir du fil de 6 livres de résistance. Serge favorise le monofilame­nt plutôt que le super fil, car ce type de corde est trop accrochant lorsque la pointe des hameçons traverse le brin de tresse lors des entrecrois­ements avec les autres sportifs.

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? Serge Pitre se spécialise dans la capture de l’alose savoureuse depuis 1978. Chaque année, il attend patiemment leur montaison afin de pouvoir se mesurer à ces coriaces combattant­es réputées pour avoir une gueule fort fragile.
PHOTO COURTOISIE Serge Pitre se spécialise dans la capture de l’alose savoureuse depuis 1978. Chaque année, il attend patiemment leur montaison afin de pouvoir se mesurer à ces coriaces combattant­es réputées pour avoir une gueule fort fragile.
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