Le Journal de Montreal

Éliminé jusqu’en 2021

Marc-Édouard Vlasic est parfaiteme­nt à l’aise avec cette situation

- Jonathan Bernier JBernierJD­M

En acceptant le format d’un retour à 24 équipes, la LNH et son associatio­n des joueurs ont, par la bande, indiqué aux joueurs des sept formations éliminées qu’ils ne joueraient plus au hockey en 2020.

C’est donc dire que, advenant le cas où la saison 2020-2021 s’amorcerait en janvier, les joueurs des Sharks, des Kings, des Ducks, des Sabres, des Devils, des Sénateurs et des Red Wings auront passé près de 10 mois loin de la compétitio­n.

Un non-sens, à première vue. Pourtant, Marc-Édouard Vlasic n’est pas de cet avis.

« Si la ligue revient avec cette formule, il y a des joueurs qui vont faire trois semaines de camp d’entraîneme­nt pour jouer seulement trois matchs. Ce sera juste trois matchs de plus que nous », a lancé le défenseur des Sharks, lorsque joint par Le

Journal, vendredi soir.

Mais, au moins, les 10 mois d’inactivité seraient coupés en deux, non ?

« Nous, c’est certain qu’on ne jouerait pas. Alors, ramener des gars pour faire seulement un camp de trois semaines ! Je serais… pas mal fâché », a-t-il répondu, prenant soin de peser ses mots.

D’ailleurs, comme plusieurs vétérans du circuit Bettman l’ont mentionné au cours des dernières semaines, Vlasic n’aurait pas été chaud à l’idée de s’exiler pendant plusieurs semaines loin de sa famille pour participer aux séries éliminatoi­res.

« Si on me disait que je dois aller à Vegas pendant quatre mois, sans voir ma femme et mes chiens, je n’irais pas. D’ailleurs, en raison de la pandémie, je pense qu’on a droit de refuser. C’est sûr que je refuserais.

C’est trop risqué », a-t-il martelé.

Facile à dire, diront certains, puisque les Sharks croupissai­ent au dernier rang de l’Associatio­n de l’Ouest lorsque les activités de la LNH ont été suspendues, le 12 mars.

« Peu importe la position, ce n’est pas garanti que je gagnerais la coupe. Mais c’est garanti que je serais loin de mon chien de 14 ans pendant quatre mois. À cet âgelà, c’est beaucoup trop long, tu ne sais jamais quand ce sera la fin », a-t-il mentionné en parlant de son golden labrador.

PAS NÉCESSAIRE­MENT LA FIN

Âgé de 33 ans, l’ancien joueur des Remparts a encore quelques belles saisons devant lui. D’autant plus qu’il détient un contrat valide jusqu’à la fin de la saison 2025-2026.

Toutefois, pour son coéquipier Joe Thornton, vénérable vétéran de 40 ans, qui deviendra joueur autonome quand le prochain marché s’ouvrira, l’histoire pourrait être différente.

Comme ce fut le cas pour certains joueurs plus âgés lors de la saison annulée par un conflit de travail en 2004-2005, certains devront peut-être tirer leur révérence sans avoir pu planifier leur sortie.

Et si ces patineurs ont toujours la flamme, ne sera-t-il pas néfaste pour eux de passer pratiqueme­nt un an sur la touche ?

Vlasic croit que ça pourrait plutôt avoir l’effet contraire.

« Parfois, ces gars-là reviennent d’une semaine de congé et sont reposés. Là, ils vont être parfaiteme­nt reposés. Ce n’est pas comme d’autres qui devront jouer des calendrier­s encore plus condensés que d’habitude. »

DES PISTES DE SOLUTIONS

D’ailleurs, la crise que l’on traverse présenteme­nt n’aura pas un impact seulement sur la saison actuelle. La prochaine sera également chamboulée.

On parle d’un début de saison en janvier, d’un calendrier qui serait tout de même de 82 matchs. Bref d’une coupe Stanley remise quelque part au mois de juillet 2021.

« À un moment donné, il faudra revenir à la normale. L’année 2021-2022 commencera­it quand ? En septembre ? Si c’est le cas, l’équipe qui aura gagné la coupe en juillet n’aura eu qu’un mois de repos. Un moment donné, c’est trop. Les gars vont être brûlés », a soutenu le Montréalai­s d’origine.

« Coupe le bye week et coupe le camp d’entraîneme­nt de moitié. Juste avec ça, ils vont gagner un mois », a-t-il proposé.

UNE CROIX SUR LA SAISON

Toujours en Californie, d’où il ne compte pas partir avant quelques semaines, Vlasic réside dans un État où certains secteurs sont encore très touchés par la crise.

En raison de cette perspectiv­e, il considère qu’il y a présenteme­nt des choses plus importante­s que le hockey et que le risque est encore trop élevé pour une reprise des activités.

« L’idéal serait de revenir à l’automne, avec ou sans spectateur, et de jouer une saison de 65 à 80 matchs. Quitte à perdre des revenus, a indiqué Vlasic. D’ailleurs, peu importe le format qui sera adopté cette saison, il y a quelqu’un qui va chialer. Ils devraient arrêter ça là et recommence­r à zéro à l’automne. Les équipes de tête vont chialer, mais, en même temps, regarde ce qui est arrivé l’an passé avec le Lightning (balayé dès le premier tour). »

Vlasic devra s’y faire : la normalité, que ce soit au hockey ou dans n’importe quelle autre sphère de la société, mettra quelques années à reprendre sa place.

Et elle ne sera probableme­nt plus comme avant.

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USA TODAY SPORTS PHOTO Marc-Édouard Vlasic, qui échange avec Evander Kane sur cette séquence, n’est pas fâché que sa saison soit terminée.
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