Les magasins rouvrent aujourd’hui
Plusieurs marchands du Grand Montréal sont heureux, mais d’autres ont choisi de rester fermés
Les commerçants du grand Montréal qui ont pignon sur rue peuvent rouvrir leurs portes dès ce matin au grand bonheur de plusieurs.
La plupart des petits marchands sont très heureux de pouvoir enfin remettre la machine en marche, après plus de deux mois de confinement en raison de la pandémie de COVID-19, a indiqué la Fédération canadienne des entreprises indépendantes (FCEI).
« Je n’ai pas vu de cas d’entreprises qui ne rouvriront pas. Tout le monde a hâte. Les factures ont continué de s’empiler et le loyer du mois de juin s’en vient », a ajouté François Vincent, vice-président de la FCEI pour le Québec.
La fédération a publié cette semaine un sondage qui révèle que 45 % des petites et moyennes entreprises sur l’île de Montréal craignent de ne pas avoir les moyens de payer le loyer pour le prochain mois.
Dans ce contexte, on ne crache sur aucun revenu, même si l’équipement de protection, nécessaire à la réouverture, coûte très cher.
« Le Plexiglass, les masques, le Purell, ça coûte des milliers de dollars. C’est pour ça qu’on milite pour que les commerçants aient au moins droit à un crédit d’impôt pour rembourser ces frais », a avancé M. Vincent.
CLIENTS ATTENDUS
Reste à voir maintenant si les clients seront au rendez-vous aujourd’hui.
Du côté des bijouteries en tout cas, on croise les doigts.
« La grande inconnue, c’est la situation économique. Beaucoup de gens ont perdu leur emploi, mais des personnes plus fortunées ont continué de travailler. Comme les voyages tombent à l’eau cette année, certains vont peut-être prendre leur budget voyage pour acheter des biens de luxe, comme des bijoux ? » se questionne Agathe Lamontagne, présidente de la plateforme BijouteriesDuQuebec.ca, qui rassemble plusieurs bijoutiers de partout dans la province.
Les libraires indépendants sont pour leur part encore plus enthousiastes.
Ils sont convaincus que la demande sera là après avoir observé ce qui s’est passé dans les régions du Québec qui ont amorcé le déconfinement au début du mois.
Là-bas, lors de leur première semaine d’ouverture, les librairies indépendantes ont enregistré une hausse des ventes au détail de presque 12 % par rapport à la même période l’année dernière, selon un rapport de la Banque de titres de langue française (BTLF).
« Pendant la pandémie, les commandes en ligne ont augmenté de 1300 %, mais ce n’était pas du tout rentable à cause des frais de livraison. La réouverture de certaines librairies, c’est donc une bouffée d’air frais », a commenté Katherine Fafard, directrice générale de l’Association des librairies du Québec.
Mme Fafard se fait cependant plus de soucis pour les librairies dans les centres commerciaux.
Car aujourd’hui, seuls les commerces qui ont une entrée extérieure ont droit d’accueillir à nouveau des clients.
DES EXCEPTIONS
Les petits commerces de détail ne raisonnent toutefois pas tous de cette façon.
C’est le cas de Christine Goupil, propriétaire de la boutique Les fleurs de l’artiste, à Boucherville.
« Il faudrait que je gère le nombre de clients qui entrent, que je m’assure que personne ne touche à rien, que je désinfecte tout… Pour le stress que ça occasionne, ça ne vaut pas la peine », a conclu la fleuriste, qui réussit quand même à être rentable grâce à la vente en ligne et par téléphone.
Mme Goupil reste d’avis que la technologie ne doit jamais finir par remplacer la vente en boutique, qui permet un meilleur service client.
La réouverture de son commerce est envisagée pour l’automne, au mieux à la fin juin.
Mais chose certaine, un retour à la normale aujourd’hui serait beaucoup trop précoce, a plaidé celle qui se décrit avant tout comme une mère de famille, et qui reste très préoccupée par les chiffres qui concernent la COVID-19 dans la région métropolitaine.
« Le déconfinement arrive beaucoup trop tôt. Je ne veux absolument pas de deuxième vague. De rester fermée, c’est le plus que je peux faire pour contribuer. Tous les commerçants qui ont les moyens de rester fermés devraient le faire », a insisté Mme Goupil.