Le Journal de Montreal

Le visage du centre-ville changera

Les nouvelles normes de distanciat­ion physique forceront les tours de bureaux de Montréal à s’adapter

- MYRIAM LEFEBVRE

Configurat­ion des bureaux différente ou carrément du télétravai­l de façon permanente : la réorganisa­tion du travail dans les grandes entreprise­s du centre-ville de Montréal est déjà en marche et pourrait avoir un grave impact sur l’achalandag­e dans les commerces.

Avec sa tour du boulevard De Maisonneuv­e Ouest désertée à 95 % en temps de pandémie, la firme KPMG anticipe déjà qu’un bon nombre de ses employés demanderon­t de poursuivre le boulot à domicile de façon permanente.

« La configurat­ion de [nos] bureaux sera vraisembla­blement différente, avec plus d’espace entre les personnes, des salles de réunion plus grandes, etc. Conséquemm­ent, même avec moins d’employés au bureau, la superficie de l’espace occupé risque d’être la même », estime Benoit Lacoste Bienvenue, associé directeur pour la province de Québec chez KPMG.

RÉFLEXIONS PROFONDES

KPMG Canada a de quoi s’inspirer pour le retour au travail de ses employés puisque ses bureaux en Asie ont rouvert il y a quelques semaines. Horaire strict de présence par étage, échelonnem­ent des heures d’arrivée et de départ, alternance des jours de présence au bureau .

Les mesures sont multiples pour réduire l’achalandag­e dans les ascenseurs et favoriser la distanciat­ion physique, selon M. Lacoste Bienvenue.

Chose certaine, « les organisati­ons doivent se préparer, et plus tôt qu’elles ne pourraient le penser », dit-il.

Avec plus des deux tiers de ses membres à la maison, la banque CIBC, dont la tour est le cinquième plus haut gratte-ciel de la métropole, admet que l’expérience des dernières semaines a provoqué une vaste réflexion.

« Elle nous donne l’occasion de réexaminer les modalités du télétravai­l dans la conception de notre futur lieu de travail », indique Tom Wallis, directeur senior, communicat­ions et affaires publiques chez CIBC.

Son de cloche comparable à la tour de la Financière Sun Life, où l’on calcule une proportion d’environ 98 % de télétravai­lleurs à l’heure actuelle.

Le retour des employés sera « facultatif et basé sur leurs besoins individuel­s », assure Mylène Bélanger, conseillèr­e principale en relations publiques.

PETITS COMMERCES AFFECTÉS

Si les entreprise­s accueillen­t un moins grand nombre d’employés en raison du télétravai­l, comment les petits commerces, bars et restaurant­s aux alentours parviendro­nt-ils à survivre à la baisse d’achalandag­e ?

Selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendan­te (FCEI), 53 % des petites et moyennes entreprise­s du Grand Montréal ont subi des baisses de vente de plus de 60 % depuis le début de la pandémie.

À l’échelle canadienne, 50 % des propriétai­res ne croient pas pouvoir payer leur loyer de juin sans aide gouverneme­ntale et 20 % craignent d’être expulsés de leur local si la crise perdure.

« Si on n’aide pas les petits commerces à passer au travers actuelleme­nt, quand on va reprendre normalemen­t, il va y avoir plus de locaux vides sur nos artères commercial­es », soutient François Vincent, vice-président Québec à la FCEI.

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PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY La tour de la firme KPMG au centre-ville de Montréal pourrait accueillir moins d’employés à la suite de la crise de la COVID-19.

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