Emmanuelle Latraverse
On les appelait « migrants », « demandeurs d’asile ». Ils sont entrés au Québec par le chemin Roxham. En quelques semaines, ils font partie de nos anges gardiens.
François Legault leur a offert une petite lueur d’espoir, celle de, peut-être, éviter la déportation au terme de cette pandémie.
Pas question de leur offrir un passedroit. Simplement l’exercice de voir s’ils ne se qualifieraient pas pour devenir des immigrants économiques.
C’est le minimum.
LES HÉROS ANONYMES
Ces hommes et ces femmes ont beau être entrés illégalement au pays, ils sont aujourd’hui aux premières lignes de la guerre contre la Covid-19.
Ils font le travail que bien des Québécois ne veulent pas faire.
Sans leurs efforts, combien de personnes âgées de plus seraient mortes déshydratées, mal-nourries ? Combien de plaies n’auraient pas été pansées ?
Depuis, on les louange, on applaudit leur dévouement, on les appelle des anges gardiens. Alors, pourquoi ne pas leur offrir la légitimité qui vient avec ?
PAS UN BAR OUVERT
François Legault a longtemps hésité à ouvrir une telle porte.
Sa crainte est légitime. Régulariser leur situation risquerait d’inciter d’autres demandeurs d’asile à se pointer au chemin Roxham.
Or, une démarche exceptionnelle en faveur des anges gardiens de la Covid-19 ne doit pas nécessairement être un bar ouvert. Le gouvernement a tout le loisir d’encadrer la démarche, d’exiger des engagements.
En laissant planer l’idée de les admettre comme immigrants économiques, le gouvernement Legault fait plus qu’acheter du temps.
Il se donne l’occasion de faire preuve d’humanisme et de répondre à une pénurie de main-d’oeuvre bien réelle.
Ces demandeurs d’asile ont contribué à sauver le peu de dignité qui reste dans nos CHSLD.
Reste à savoir si le ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, saura faire preuve de la créativité nécessaire pour le reconnaître.