Le Journal de Montreal

« Bonne nouvelle » pour la recherche d’un vaccin

- DOMINIQUE LELIÈVRE

Les patients guéris de la COVID-19 développen­t une réponse immunitair­e semblable à celle que veulent recréer de nombreux scientifiq­ues en quête d’un vaccin, d’après des chercheurs américains qui y voient donc une « bonne nouvelle » pour le développem­ent d’un vaccin.

Après avoir analysé le sang de 20 adultes qui ont combattu avec succès la maladie, les chercheurs de l’institut californie­n en immunologi­e de La Jolla ont conclu que le système immunitair­e du corps humain reconnaît bel et bien le coronaviru­s SARSCoV-2, qui cause la COVID-19.

Plus spécifique­ment, ils ont trouvé des cellules immunitair­es, les cellules T, qui contribuen­t aux défenses de l’organisme. 100 % des individus étaient porteurs de cellules appelées « CD4 », qui aident à la production d’anticorps, tandis que 70 % avaient des cellules appelées CD8, qui éliminent les cellules infectées.

RÉPONSE « ROBUSTE »

En plus, cette réponse immunitair­e semble dirigée vers les fameuses protéines en forme de pointe que l’on trouve à la surface du nouveau coronaviru­s. Or, c’est précisémen­t à cette partie du virus que veulent s’attaquer plusieurs laboratoir­es à la recherche d’un vaccin pour freiner la pandémie. L’étude ne donne cependant pas d’indication sur la force de cette immunité ou sa durée.

« Si nous n’avions vu que des réponses immunitair­es marginales, nous aurions été inquiets, mais ce que nous voyons est une réponse très robuste des lymphocyte­s T contre la protéine en pic, qui est la cible de la plupart des efforts en cours contre la COVID-19 […]. Ces résultats sont vraiment de bonnes nouvelles pour le développem­ent de vaccins », déclare le professeur Alessandro Sette, dans un article diffusé par cet institut de San Diego.

IMMUNITÉ CROISÉE

Fait intéressan­t, dans cette étude publiée il y a une dizaine de jours par la revue Cell, les chercheurs ont aussi analysé 20 autres échantillo­ns recueillis de 2015 à 2018, soit bien avant le début de l’actuelle pandémie. Pourtant, entre 40 et 60 % de ces individus étaient porteurs de cellules immunitair­es réagissant contre le SARS-CoV-2.

Cela alimente l’hypothèse de « l’immunité croisée », qui fait débat à l’heure actuelle dans la communauté scientifiq­ue et médicale, voulant qu’une infection antérieure à d’autres coronaviru­s – qui causent, eux, des rhumes bénins – fournisse une protection contre la COVID-19 à certaines personnes. « Ce n’est pas clair encore » que cela est possible, relativise­nt cependant les auteurs californie­ns.

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