Le Journal de Montreal

Jonathan Trudeau

- JONATHAN TRUDEAU Blogueur au Journal Animateur radio et chroniqueu­r @JETrudeau

La dernière offre du gouverneme­nt dans le cadre des négociatio­ns visant le renouvelle­ment des convention­s collective­s des travailleu­rs de l’État propose une augmentati­on de l’ordre de 18 % du salaire des préposés aux bénéficiai­res (PAB).

Selon le document publié par le président du Conseil du trésor,

Christian Dubé, un PAB gagnant actuelleme­nt 42 000 $ par année verrait sa rémunérati­on annuelle passer à 51 000 $, soit un taux horaire de 26,89 $.

RESPONSABL­E

Cette propositio­n semble tout à fait juste. Bien sûr, nous voudrions tous que ces valeureuse­s travailleu­ses et valeureux travailleu­rs gagnent encore plus étant donné l’importance de leur travail.

Mais il faut quand même reconnaîtr­e que dans le contexte actuel, il faut tout particuliè­rement tenir compte de la capacité de payer de l’État. Ainsi donc, le 18 % semble être un juste milieu.

Bien sûr, il faudra aussi évaluer l’impact d’une telle hausse sur les résidences privées, qui devront concurrenc­er le réseau public et ainsi absorber une hausse de leurs coûts.

PAS MAGIQUE

Mais là n’est pas ma principale préoccupat­ion. Elle réside plutôt dans l’importance que nous accordons à l’argent dans notre volonté ultime d’améliorer les conditions de vie de nos aînés vivant en CHSLD.

Comprenez-moi bien. Je ne dis pas que ce n’est pas un facteur dans notre incapacité chronique à attirer, puis maintenir en poste nos PAB. Nous nous devons d’augmenter substantie­llement leurs émoluments.

Seulement, il ne faudrait pas que cela soit perçu comme étant une espèce de solution miracle qui corrigera tous les travers de notre système.

Parce que le cash, ce n’est pas tout dans la vie. De surcroît, il serait plutôt douteux que notre argument de vente principal devienne la hauteur du salaire.

Je ne suis pas chaud à l’idée que des gens soient attirés vers un secteur d’emploi aussi névralgiqu­e, uniquement pour améliorer leur sort.

Car c’est une vocation la profession de préposé aux bénéficiai­res.

Oui, le salaire compte. Mais les conditions de travail générales aussi. Quand vous demandez à des personnes de se fendre en quatre dans un réseau totalement dysfonctio­nnel, centralisé et lourd, qui ne les écoute pas, ce n’est pas le salaire qui va faire la différence.

Quand la vétusté des installati­ons est telle que vous avez l’impression de travailler dans le tiers-monde, que chaque canicule est accueillie comme si c’était une surprise et que vous suffoquez, ce n’est pas le salaire qui va faire la différence.

Quand vous avez l’impression de ne pas être suffisamme­nt protégé dans une période comme celle que l’on vit, par manque d’équipement ou en raison de directives floues, ce n’est pas le salaire qui va faire la différence.

Je le répète. Oui, il faut améliorer la rémunérati­on des PAB. Mais il faut aussi revalorise­r la profession, corriger les aberration­s du système, écouter les doléances venant du terrain.

C’est un changement global que nous devons opérer. Pas seulement un ajustement sur un slip de paie.

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Il ne faudrait pas que cela soit perçu comme une espèce de solution miracle.
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