Urgence pour climatiser les CHSLD pendant l’été
En pleine canicule, Québec a demandé d’urgence hier à ses CHSLD de faire tout ce qu’ils peuvent pour acheter ou louer des climatiseurs, quitte à décider plus tard comment ces équipements seront payés.
Notre Bureau d’enquête a obtenu copie d’une lettre envoyée hier midi par le sous-ministre de la Santé, Yvan Gendron, aux directeurs des établissements de santé publics et privés conventionnés.
La lettre s’accompagne d’un tableau qui montre, selon les données les plus récentes du ministère, que seulement 20 % des chambres en CHSLD sont climatisées. Nous reproduisons ce tableau en pages 2 et 71 de l’édition d’aujourd’hui.
La missive de trois pages « demande aux établissements ayant une mission CHSLD d’envisager des moyens afin de faire face aux épisodes de chaleur appréhendés ».
« Nous vous autorisons […] à procéder dès maintenant à la mise en place de mesures appropriées [achat et location d’équipements, etc.] pour améliorer, lorsque nécessaire et si possible, le confort des résidents et du personnel », écrit le sous-ministre.
COMBIEN ÇA VA COÛTER ?
La facture ? On le saura plus tard.
« Des consignes suivront concernant les modalités de financement en fonction des types d’investissements réalisés [location, achat d’équipement, travaux de construction] », précise M. Gendron.
Dans sa lettre, le sous-ministre fait allusion aux débats entourant la possible propagation de la COVID-19 qui pourrait être amplifiée par certains appareils de climatisation ou de circulation d’air.
« Pour le directeur national de santé publique, monsieur Horacio Arruda, il est approprié, même dans le contexte de la pandémie de COVID-19, d’ajouter la climatisation dans les milieux de soins, incluant notamment des climatiseurs mobiles et des ventilateurs sur pied, considérant que les bénéfices de l’utilisation de ces appareils sont plus grands que les inconvénients possibles », écrit-il.
Le sous-ministre demande également aux directeurs d’établissements de mettre à jour les données concernant les équipements de climatisation dans les CHSLD sous leur supervision.
Il leur donne jusqu’au 1er juin à 16 h pour indiquer au ministère leurs demandes, et les efforts supplémentaires qu’ils feront pour améliorer le confort des patients dans le contexte de la pandémie de COVID-19.
On comprend que le portrait le plus à jour de l’état des équipements de climatisation dans le réseau date de plus de trois ans, soit du 31 mars 2017.
DES DÉTAILS TROUBLANTS
Certains détails donnent des sueurs froides. Ainsi, le document indique que le CHSLD Jeanne-Le Ber, un des plus touchés présentement par la COVID-19 à Montréal, n’a que quatre chambres climatisées sur 274. La précarité du système électrique rend difficile l’installation d’air conditionné.
Dans d’autres centres, ce sont les résidents qui payent eux-mêmes leur unité de climatisation. Certains CHSLD ne disposent que de refuges climatisés, comme la cafétéria, un auditorium au sous-sol ou des solariums.
Finalement, d’autres ont acheté dans les dernières années des machines à glace et à eau froide pour les résidents.
Hier, en point de presse, la directrice de la Santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, a souligné les risques d’une canicule pour les aînés.
« Le risque lié à la chaleur est un risque immédiat à la santé [...] et l’impact peut être fatal pour des personnes vulnérables comme en CHSLD », a-t-elle expliqué.
À Québec, la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, a affirmé que le gouvernement Legault avait été proactif.
« On n’a pas attendu la pandémie pour mettre en place des actions », a-t-elle expliqué. Selon elle, 94 % des CHSLD disposent de « zones de fraîcheur », une aire commune climatisée.