Le Journal de Montreal

Pertes de 3,9 G$ pour le secteur du tourisme

L’industrie réclame des mesures pour éviter de nombreuses faillites

- JEAN-LUC LAVALLÉE

Pas moins de 93 000 emplois sont menacés au Québec dans l’industrie touristiqu­e, plombée par une crise sans précédent qui entraînera des pertes de 3,9 milliards $ en un an, selon une nouvelle étude obtenue par Le Journal.

Ces pertes de près de 4 G$ concernent exclusivem­ent l’hôtellerie (2,6 G$) puis les attraits et services touristiqu­es (1,3 G$), selon les firmes Raymond Chabot Grant Thornton et Horwath HTL, qui ont analysé les impacts de la pandémie, pour l’Alliance de l’industrie touristiqu­e du Québec.

Le calcul ne tient même pas compte du secteur de la restaurati­on, qui bénéficie en grande partie de l’achalandag­e touristiqu­e, ni du transport aérien.

Le PDG de l’Alliance, Martin Soucy, dit avoir volontaire­ment ciblé, pour l’étude, deux secteurs qui ont un « effet multiplica­teur » dans l’économie avec leur pouvoir d’attraction des voyageurs, lesquels dépensent ensuite dans les restaurant­s et le commerce local.

« Dans le contexte actuel, pour nous, c’était important de chiffrer ça correcteme­nt avec des spécialist­es indépendan­ts. Il y a 400 000 personnes qui travaillen­t dans l’industrie, c’est l’équivalent de dix fois Desjardins. Dans certaines régions, comme Charlevoix, ça peut représente­r plus de 30 % des emplois. Ça va prendre des mesures de soutien si on ne veut pas déconstrui­re un pan complet de l’économie du Québec », lance-t-il en entrevue, à l’approche d’un point de presse attendu de la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, aujourd’hui.

AIDE FINANCIÈRE RÉCLAMÉE

Martin Soucy demande à Ottawa de prolonger le programme de subvention salariale aux entreprise­s, au-delà du mois d’août, et réclame aux deux paliers de gouverneme­nt des mesures de soutien pour les frais fixes « jusqu’au retour au point d’équilibre ». Les entreprene­urs « ne veulent pas vivre aux crochets du gouverneme­nt, mais il faut les soutenir parce qu’ils ne peuvent pas assumer toutes les pertes », insiste-t-il.

NOMBREUSES FAILLITES À PRÉVOIR

« Si rien n’est fait, il y a fort à parier qu’une très large part d’entreprise­s ne passeront pas à travers cette période et devront fermer leur porte ou faire faillite », peut-on lire dans l’étude présentée à l’Alliance le 19 mai dernier.

La relance sera longue. Des pertes sont prévues au moins jusqu’en 2022. « Pour une industrie qui était en pénurie de main-d’oeuvre, c’est tout un revirement », résume Martin Soucy.

Une autre étude, produite à la fin mars par Tourism Economics pour le compte de Destinatio­n Canada, prévoyait des pertes de revenus encore plus importante­s pouvant aller jusqu’à 11,1 G$ au Québec, dans le pire des scénarios, en incluant la restaurati­on et le transport aérien.

 ?? PHOTO SIMON CLARK ?? Les restaurant­s qui dépendent en grande partie de l’affluence touristiqu­e estivale, comme ceux de la Grande Allée, à Québec, auront eux aussi de la difficulté à traverser cette crise.
PHOTO SIMON CLARK Les restaurant­s qui dépendent en grande partie de l’affluence touristiqu­e estivale, comme ceux de la Grande Allée, à Québec, auront eux aussi de la difficulté à traverser cette crise.

Newspapers in French

Newspapers from Canada