Pas de vacances pour la construction ?
Les employeurs sont tentés de combler les retards
Les vacances de la construction sont menacées d’être reléguées aux oubliettes pour plusieurs travailleurs, dont les employeurs sont tentés de combler les retards engendrés par la pandémie.
Certains gestionnaires ne pourront vraisemblablement se permettre une nouvelle interruption des chantiers lors des dernières semaines de juillet, avec comme conséquence l’annulation des traditionnelles vacances.
« C’est quelque chose à quoi on peut s’attendre, avec les retards sur les chantiers de construction [...] C’est à peu près 50-50 ce qu’on a comme son de cloche de nos entrepreneurs », estime le porte-parole de l’Association de la construction du Québec (ACQ) Guillaume Houle, précisant qu’il n’y a pas de « mot d’ordre » pour « l’annulation complète » des vacances.
Une entreprise de Québec, qui compte plus d’une centaine d’employés, a déjà signifié, par une note de service interne qu’a obtenue , que « malheureusement [...] cette année, les chantiers n’arrêteront pas pour la période estivale ».
« Les donneurs d’ouvrage nous demandent expressément de poursuivre les travaux afin d’essayer de rattraper le retard engendré par la COVID-19, peut-on lire. Si le gouvernement venait à fermer les chantiers de bâtiment […] les employés de ces chantiers seront replacés sur des chantiers de génie civil pour cette période. »
D’autres entrepreneurs veulent d’abord discuter d’un report des vacances avec leurs employés, affirme le porte-parole de l’ACQ. C’est notamment le cas d’Anthony Dussault, un entrepreneur résidentiel de Sainte-Anne-de-Sabrevois, en Montérégie.
« Si les employés veulent travailler, on va y aller. Mais on ne va pas les forcer », dit-il, évaluant à un mois ses retards.
UNE COUTUME
Si la période de la fin juillet est prévue dans les conventions collectives des secteurs industriel, commercial et institutionnel, elle relève plutôt de la « coutume » en résidentiel et en génie civil, des secteurs « plus permissifs » aux aménagements de congés, relève Jean-Claude Bernatchez, professeur en relations industrielles à l’Université du Québec à Trois-Rivières.
« Il y a des exceptions qui sont prévues [dans les conventions collectives] pour permettre que les travaux sur les chantiers se poursuivent », précise Pascal Gingras, porte-parole de la Commission de la construction du Québec.
Du côté syndical, un sondage de la FTQ-Construction auprès de ses membres, dans lequel 88 % se disent pour le statu quo, énonce de façon « claire » la volonté des travailleurs, avance le DG Éric Boisjoly.
Le président du Conseil provincial (International), Michel Trépanier, qualifie, quant à lui, de « malheureux » les changements unilatéraux imposés par l’employeur, qu’importe la convention collective.
Les représentants syndicaux s’entretiennent des vacances de la construction chaque semaine avec le ministre du Travail, indique le cabinet de ce dernier.