Une baleine à bosse s’amuse à Montréal
Les experts souhaitent que le mammifère aquatique choisisse maintenant de rebrousser chemin
Rien n’indique pour l’instant que la baleine à bosse aperçue près du pont Jacques-Cartier à Montréal soit malade, mais il faut être prudent avant de clamer que la nature reprend ses droits, indique une experte.
« Pour une baleine, ce n’est pas naturel de se retrouver en eaux douces, ce n’est pas le milieu dans lequel elle est bien adaptée pour vivre. Donc, c’est un peu plus difficile de parler de “reprendre ses droits” parce qu’elle se met dans une position fâcheuse, côté santé, à long terme », explique la porte-parole du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM) Marie-Ève Muller.
Pour l’instant, les experts croient qu’il s’agit du même mammifère aperçu plus tôt cette semaine dans les secteurs de Québec, de Trois-Rivières et de Sorel-Tracy.
Ils étaient sur l’eau samedi pour documenter l’état de la bête.
EN BONNE SANTÉ
« Côté comportement, on a affaire à une baleine qui a une bonne nage, qui a un patron de respiration normal, qui effectue des plongées. Elle a un comportement auquel on pourrait s’attendre pour un rorqual à bosse », poursuit Mme Muller, ajoutant que rien ne permet pour l’instant de conclure que le cétacé est malade.
Parfois, les baleines ont seulement le goût d’explorer, selon elle. Reste qu’une baleine à bosse dans le secteur de Montréal est du jamais-vu pour le RQUMM. Des petits rorquals et des bélugas y ont toutefois déjà été répertoriés.
Les baleines à bosse se retrouvent souvent dans le fleuve Saint-Laurent à l’été, mais elles restent généralement à l’est, et ne dépassent pas vraiment la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, où l’eau est plus salée.
DÉJÀ CONNUE ?
Plusieurs photos de la bête ont été prises hier, surtout de la nageoire dorsale et de la queue, pour vérifier avec la Station de recherche des îles Mingan si elle a déjà été cataloguée.
« Avant de nommer l’animal, on va s’assurer que vraiment, on ne [le] connaît pas, pour s’assurer de ne pas avoir une double identité », indique Mme Muller.
Le mammifère se trouve maintenant dans un cul-de-sac puisqu’il y a beaucoup de barrières physiques. Le RQUMM a bon espoir qu’elle rebrousse chemin.
« La baleine nage librement. Et ce qu’on a pu voir dans d’autres cas par le passé ici, mais aussi ailleurs dans le monde, c’est qu’une baleine a plus de chances de bien s’en sortir si elle part par elle-même », souligne Mme Muller.
Pour l’instant, le trafic maritime suit son cours. Il y a seulement eu un appel à la vigilance des capitaines sur le fleuve pour éviter les accidents, et les gens sont respectueux.
Un rorqual à bosse adulte mesure entre 13 et 17 mètres et peut peser jusqu’à 40 tonnes.