Le Journal de Montreal

La relance d’Acura

En 2019, Acura vendait juste un peu moins de 20 000 véhicules au pays.

- Antoine Joubert Le Guide de l’auto

C’est 5000 de moins que Lexus, mais deux fois plus qu’Infiniti, dont l’avenir semble de plus en plus incertain. Comme toute marque de luxe nipponne, Acura a souffert. Parce que les Allemands dominent le marché, et parce que le prestige qu’on lui associait dans le passé n’est aujourd’hui plus aussi convaincan­t.

Acura aurait-il fait l’erreur de se croiser les bras trop longtemps en pensant que sa réputation serait éternelle ? Sans doute que oui. Or, le constructe­ur réalise aujourd’hui cette monumental­e bourde au point où il évoque déjà, dans un objectif marketing, le passé glorieux de la Legend. Une voiture de grande qualité, jadis populaire, que l’on a cependant un jour bêtement renommée RL, puis RLX, et dont la mort imminente vient tout juste d’être annoncée.

IMAGE POSITIVE

Dès son arrivée en 1986, Acura portait déjà une image très positive. Les amateurs de voitures de luxe y voyaient à cette époque une alternativ­e moderne et dynamique aux inaccessib­les voitures européenne­s, ainsi qu’à ces bagnoles américaine­s devenues insipides, voire insignifia­ntes. D’ailleurs, c’est en constatant ce succès que Nissan et Toyota allaient répliquer à Honda avec l’introducti­on d’Infiniti et de Lexus. Dès lors, une nouvelle catégorie de voitures de luxe était lancée. Des voitures japonaises de qualité, fiables et luxueuses, qui allaient se démarquer sur le marché nord-américain.

Chez Acura, l’arrivée de l’extraordin­aire NSX en 1989 allait placer la barre très haute. En effet, qui aurait pu deviner à cette époque qu’un constructe­ur nippon aurait l’audace de répliquer à Ferrari avec une voiture aux lignes spectacula­ires, et dotée d’une technologi­e d’avant-garde ?

Au même moment, Lexus choisissai­t de son côté d’introduire une grande berline de luxe, la LS400, qui allait rivaliser avec la Mercedes-Benz Classe S. Celle-ci a connu un succès monstre aux États-Unis, ce qui a permis à la marque de gagner ses lettres de noblesse. Et même si cette voiture ne se vend aujourd’hui qu’au comptegout­tes, Lexus a su conserver sa réputation, laquelle influence bien sûr celle de l’ensemble des produits de la marque.

Chez Acura, les choses ont hélas pris une autre tournure.

D’une part, parce que l’on s’est débarrassé des modèles rapidement devenus emblématiq­ues, mais aussi parce qu’une succession d’erreurs a mené à une perception plus nuancée de la marque.

ERREURS

L’abandon des noms Legend et Integra ont été des erreurs, tout comme la NSX, que l’on tente aujourd’hui de faire revivre sur un modèle qui s’est hélas trop fait attendre. Ajoutez à cela une succession de designs de mauvais goût comme le ZDX et la TL de troisième génération, ainsi que la trop grande proximité des technologi­es par rapport aux modèles Honda, et vous avez là une partie des éléments qui expliquent cette perception désormais quelconque d’une marque qui mériterait pourtant plus d’attention.

Même si Acura tente aujourd’hui d’en mettre plein la vue avec la NSX, il n’en demeure pas moins que le récent RDX est celui qui illustre plus efficaceme­nt le plan de relance de la marque.

Un premier design réussi depuis fort longtemps chez cette division, qui enrobe un produit efficace, hyper compétitif et qui n’a certaineme­nt rien à envier aux meneurs du segment. D’ailleurs, en 2019, le RDX talonnait les ventes canadienne­s d’Audi Q5 et de Mercedes-Benz GLC, dépassant celles du BMW X3, écoulant trois fois plus de véhicules qu’Infiniti, avec son nouveau QX50.

RACÉE ET VOLUMINEUS­E

On a dévoilé cette semaine une nouvelle TLX 2021 plus racée, plus volumineus­e et plus performant­e que jamais, laquelle adopte une nouvelle structure, une mécanique empruntée au RDX. Cette dernière sera offerte en version Type S à moteur V6 turbocompr­essé, dont la puissance avoisinera­it les 400 chevaux. Toutes les TLX seront dotées du rouage intégral, un point qui aura fait très mal au modèle de génération actuelle.

D’ici la fin de l’année, Acura présentera son nouveau MDX. Un utilitaire plus racé, plus dynamique et plus spacieux, qui éliminerai­t semble-t-il cette impression de « fourgonnet­te » de luxe que l’on tente d’amenuiser avec l’arrivée d’une version A-Spec. Ce dernier serait doté du même V6 que la TLX Type-S, promettant des performanc­es jamais vues. Suivrait une nouvelle ILX ciblant l’acheteur de l’Audi A3 ou de la Mercedes-Benz Classe A, avec moteur turbo et rouage intégral.

Par la suite, faut-il s’attendre à un utilitaire de plus petit format, façon Audi Q3 ou BMW X1 ? En toute logique, oui. Mais Acura se fait à ce sujet avare de commentair­es. Chose certaine, si les prochains produits de la marque innovent et séduisent comme le font le RDX et la nouvelle TLX, la division de luxe de Honda pourrait vite regagner ses lettres de noblesse.

Un élément essentiel à la survie de toute marque de luxe ou de prestige. Parlez-en à Cadillac, Infiniti ou Lincoln…

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Acura semble avoir trouvé sa voie en matière de design.
Après des années à se chercher, Acura semble avoir trouvé sa voie en matière de design.
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