De grands oubliés
Joueurs et joueuses de hockey amateurs ou de ligues de garage, salut !
Le problème n’est pas qu’on nous a oubliés, mais plutôt qu’on ne nous connaît pas assez. Les décideurs, gouvernements et sécurité publique, savent-ils qu’il y a des gars et des filles qui ne se possèdent plus et qui veulent retourner sur la glace pas mal plus que les gars de la LNH ? Sylvain Guimond, éminent docteur en psychologie sportive, ne lésine pas sur les mots.
« L’isolement auquel nous nous sommes tous soumis a un effet très néfaste sur la santé mentale. Sachez bien que, mine de rien, il y avait habituellement énormément de thérapies dans les arénas. »
Plusieurs ne se confieront pas à des collègues au travail de crainte d’être jugés, mais, petite bière aidant en relaxant après un bon match de hockey, nombreux sont ceux et celles qui n’hésitent pas à partager des secrets, des ennuis, des bonheurs. Les liens qui se tissent dans les vestiaires sont spéciaux et sans égard au rang social. Le dentiste et le soudeur jouent souvent avec l’artiste et le facteur.
Selon le docteur Guimond, lui-même un adepte du hockey adulte, et je partage à 100 %, les vrais passionnés du hockey ont notre âge, soit dans la quarantaine, la cinquantaine et même plus. « Nous payons pour jouer et nous vivons toujours avec une certaine crainte de devoir arrêter un jour. Là, on a été obligés à l’inactivité par un virus et il y a maintenant un trou béant et plus dommageable qu’on ne le croit dans notre vie sociale. »
PROGRAMME FACILE
Il y a plus de 400 000 joueurs et joueuses de hockey adultes au Québec. Plusieurs filles et gars capotent littéralement d’un manque, d’une absence et nombreux sont ceux et celles qui m’écrivent à ce sujet. Je n’en reviens pas.
Depuis une vingtaine d’années, je dirige des cliniques hebdomadaires de hockey, pour les jeunes en fin d’été, mais aussi destinées aux plus vieux le reste de l’année. Pour certains, c’est devenu une drogue. Ils ont appris ce que le coaching d’autrefois ne leur a techniquement ou tactiquement jamais enseigné.
Comme réussir de belles passes, raides, soulevées, du revers, les capter sans les échapper, accélérer sans forcer, transporter la rondelle la tête haute, surveiller un adversaire, bien se placer en fonction de sa position, etc. Tout ça en ayant du plaisir sans s’arracher le coeur. J’ai vu des gars et des filles s’améliorer incroyablement en très peu de temps.
La santé publique ne nous connaît ou ne nous reconnaît pas dans son plan de déconfinement. Il serait d’ores et déjà possible et facile, par groupes de sept joueurs (six patineurs et un gardien), de préparer des séances d’entraînement amusantes et bienfaisantes autant mentalement que physiquement sans qu’il y ait contact ou rapprochement physiques, et ce, de l’arrivée jusqu’au départ du vestiaire. Tous les instructeurs le moindrement créatifs sont capables de préparer une série d’exercices où tout le monde se viderait le trop-plein et ce serait drôlement apprécié autant par ceux qui en brûlent d’envie que par les proprios d’arénas.