Le Journal de Montreal

7 questions au ministre de l’Éducation

Le ministre Jean-François Roberge a refusé nos demandes d’entrevue

- DAPHNÉE DION-VIENS Le Journal de Québec

La rentrée scolaire approche à grands pas, mais les questions sans réponses demeurent nombreuses et l’incertitud­e alimente les inquiétude­s de parents et membres du personnel scolaire. Depuis le début de la semaine, Le Journal a tenté sans succès d’obtenir des réponses auprès du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, qui a refusé nos demandes d’entrevue. Voici un survol de questions auxquelles le ministre devra répondre lorsqu’il présentera la nouvelle version de son plan de retour en classe, en début de semaine prochaine.

1. Est-ce que le port du masque sera obligatoir­e pour les élèves du secondaire ?

Le plan dévoilé en juin ne prévoit pas le port du masque chez les élèves.

Or depuis la mi-juillet, le couvre-visage est dorénavant obligatoir­e dans les lieux publics fermés pour les personnes de 12 ans et plus. Québec reconnaît qu’il y a ici une « incohérenc­e » et pourrait corriger le tir.

Des directions d’école estiment que le port du couvre-visage à la cafétéria ou dans les couloirs des écoles secondaire­s facilitera­it grandement la logistique scolaire, puisque les élèves pourraient alors se côtoyer de plus près.

« Dans les déplacemen­ts, ce serait l’idéal d’avoir le masque », affirme Carl Ouellet, président de l’Associatio­n québécoise du personnel de direction des écoles (AQPDE).

2. Comment gérer les « bulles » entre les élèves ?

Le plan gouverneme­ntal prévoit que les élèves devront se tenir à un mètre de distance les uns des autres, à l’exception des 4 à 6 élèves qui se retrouvero­nt dans la même bulle, où aucune distance physique ne sera exigée. La question préoccupe les enseignant­s, notamment au secondaire.

Faudra-t-il que les élèves soient regroupés avec les camarades de classe de leur bulle du matin au soir, y compris pendant les pauses et la période du dîner ? Comment gérer l’heure du dîner à la cafétéria ou l’accès aux casiers ? Et que faire lorsqu’un ado voudra aller voir ses amis le midi ?

« Ce sont les profs qui vont avoir à gérer ça », lance Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l’enseigneme­nt.

3. Comment décider quel élève pourra être exempté ?

Cet automne, tous les élèves devront obligatoir­ement être présents en classe. Seuls les élèves ayant un problème médical particulie­r seront exemptés de la présence à l’école, a annoncé Québec en juin. Mais les balises doivent être précisées.

Des parents qui sont euxmêmes à risque voudraient aussi pouvoir garder leur enfant à la maison tout en bénéfician­t d’un encadremen­t à distance fourni par l’école, ce qui n’est pas le cas présenteme­nt.

La Fédération des comités de parents du Québec réclame davantage de souplesse à ce chapitre.

4. Quelles mesures pour rattraper le retard scolaire ?

Plusieurs questions entourent les mesures qui seront mises en place pour aider les élèves à rattraper le retard scolaire. Or la situation varie d’une école à l’autre.

« Il y a des écoles qui se sont déjà organisées, mais il y en a d’autres où on n’a aucune idée où on s’en va », affirme Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseigneme­nt.

Or les besoins, déjà immenses avant la pandémie, seront plus grands que jamais, souligne Bianca Nugent, présidente de la Coalition des parents d’enfants à besoins particulie­rs du Québec.

« Qu’est-ce que le ministère prévoit pour ces élèves ? On s’attend à des mesures exceptionn­elles pour un contexte exceptionn­el », affirme-t-elle.

5. Quels services seront offerts à distance en cas d’isolement d’élèves ou de fermeture d’écoles ?

C’est « la grande question » qui préoccupe le plus les familles, affirme Kévin Roy, de la Fédération des comités de parents du Québec.

Il est probable que des élèves devront être retirés de l’école cet automne. Des écoles complètes pourraient à nouveau devoir fermer en cas de deuxième vague.

Or, il faudra offrir mieux aux familles que ce qu’elles ont connu ce printemps, ajoute M. Roy.

« Chaque parent devrait savoir à quoi s’en tenir si ça arrive. Il faut qu’il y ait des lignes directrice­s claires », affirme-t-il. Québec a demandé aux centres de services scolaires d’élaborer d’ici la mi-septembre un plan d’urgence en cas de reconfinem­ent.

6. Où trouver des suppléants ?

Les élèves et les membres du personnel qui présentent au moins un symptôme de COVID-19 devront être immédiatem­ent retirés de l’école, le temps que les symptômes disparaiss­ent (toux, fièvre, mal de gorge, diarrhée, vomissemen­ts, etc.).

Il ne sera donc plus question pour un prof qui a un léger rhume de se présenter en classe.

Alors que la pénurie était bien réelle dans les rangs des enseignant­s avant la pandémie, où trouver les suppléants pour les remplacer cet automne ? Voilà une autre question qui risque de causer bien des maux de tête aux directions d’école. « C’est très préoccupan­t », lance Carl Ouellet, de l’AQPDE.

7. Doit-on reporter la rentrée après la fête du Travail pour mieux s’y préparer ?

C’est du moins la suggestion faite par la Fédération des syndicats de l’enseigneme­nt.

« Est-ce qu’on peut prendre le temps de se parler pour partir l’année du bon pied ? On est dans une situation exceptionn­elle, est-ce qu’on peut la vivre de façon exceptionn­elle ? » lance sa présidente, Josée Scalabrini.

Les mesures de rattrapage, la mise en place des mesures sanitaires, l’accompagne­ment à distance des élèves qui devront être retirés de l’école doivent être mieux planifiés et les écoles ont besoin de temps pour bien faire les choses, selon la FSE.

 ??  ??
 ?? PHOTO D’ARCHIVES SIMON CLARK ?? Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, le 13 mai, à l’Assemblée nationale.
PHOTO D’ARCHIVES SIMON CLARK Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, le 13 mai, à l’Assemblée nationale.

Newspapers in French

Newspapers from Canada