Des scènes apocalyptiques
Les explosions ont été ressenties jusqu’à l’île de Chypre, à 200 kilomètres de Beyrouth
LE JOURNAL | Corps gisant au sol, bâtiments détruits, carcasses de voitures brûlées et des milliers de blessés. Au port de Beyrouth, 2750 tonnes de nitrate d’ammonium entreposées « sans précaution » sont à l’origine de violentes explosions qui ont dévasté la capitale libanaise hier, lui donnant des airs de fin du monde.
« Le port de Beyrouth est totalement détruit », a déclaré Bachar Ghattas à CNN, tout en décrivant la scène comme « une apocalypse ».
« C’est très, très effrayant, ce qui se passe en ce moment, et les gens paniquent. »
Une première explosion a été entendue vers 18 h – heure locale – suivie d’une deuxième déflagration très puissante qui a provoqué un gigantesque champignon de fumée dans le ciel.
Les immeubles ont tremblé et les vitres se sont brisées à des kilomètres à la ronde.
Le souffle a été ressenti jusqu’à l’île de Chypre, à environ 200 km de là (voir page 4).
CHAOS
Des soldats ont évacué des habitants, certains couverts de sang, avec un chandail autour du crâne pour panser leurs blessures.
Des voitures, coussins gonflables ouverts, et des bus ont été abandonnés au milieu des routes. Des habitations ont été rasées ou endommagées.
Le drame a résonné jusqu’ici alors qu’un homme d’affaires montréalais d’origine libanaise y a perdu la vie (voir texte en
page 5). La communauté libanaise, regroupant 78 140 personnes au Québec, est en deuil (voir texte en page 6).
La tragédie aurait coûté la vie à 78 personnes, selon un bilan publié hier à 21 h.
On dénombre plus de 3700 blessés, saturant ainsi les hôpitaux, qui étaient déjà fortement occupés à cause de la pandémie.
La journaliste Abby Sewell a affirmé à The Guardian qu’un hôpital débordé dans l’est de la ville soignait les gens dans le stationnement.
Le premier ministre du Liban, Hassan Diab, a déclaré qu’il était « inadmissible » qu’une cargaison de nitrate d’ammonium soit présente depuis 2014 dans un entrepôt du port de Beyrouth, et ce, « sans précaution ».
« Nous ne connaîtrons pas de repos tant que nous ne trouverons pas le responsable de ce qui s’est passé pour qu’il rende des comptes », a-t-il promis.
COMME LA BOMBE ATOMIQUE
Le gouverneur de Beyrouth, Marwan Abboud, s’est effondré en larmes en arrivant sur le lieu de l’explosion.
« Cela me rappelle ce qui s’est passé au Japon, à Hiroshima et à Nagasaki, a-t-il dit à un journaliste libanais. Je n’ai jamais vu des dégâts de cette taille. […] C’est une catastrophe nationale. C’est un problème pour le Liban, et nous ne savons pas comment nous allons nous en sortir. »
PAYS DÉJÀ AFFAIBLI
Et le pays du Proche-Orient était déjà affaibli, selon Sami Aoun, politicologue et professeur associé à l’Université de Sherbrooke.
« Le Liban peine à survivre à cause d’une crise financière. La chute de la valeur de la monnaie est à un niveau désastreux, l’inflation est autour de 50 à 60 %, le cho - mage est autour de 40% et il y a aussi le coronavirus. Les Libanais sont vraiment à bout de souffle », a-t-il expliqué.