Un peuple de bâtisseurs
Pour cette chronique de retour, j’écris en direct de Radisson, dans le Nord-duQuébec. Je viens de visiter l’aménagement RobertBourassa, ce complexe gigantesque que l’on nommait aussi LG-2. La COVID nous a poussés à voyager chez nous, mais ce voyage-ci était prévu avant la pandémie. Avec deux vieux potes nationalistes qui avaient choisi cette longue route de découverte de notre territoire pour fêter nos 50 ans.
J’ai passé ma vie à parler de développement hydroélectrique, de mes travaux universitaires jusqu’à la politique, et maintenant, dans les médias. J’avais lu, vu les reportages, entendu des récits et des descriptions. Mais je n’avais jamais vu de mes yeux la dimension de l’oeuvre.
Renversant. Plus gros que ce que notre imagination peut construire ou que ce que les photos peuvent rendre. Penser que des Québécois ont cru en nos capacités, ont conçu puis ont mené à bien un projet de cette envergure me donne des frissons dans le dos.
Impossible de ne pas être très fier en approchant de ce chefd’oeuvre. Fautil rappeler que LG2 produit plus d’électricité que les capacités totales de production de certains pays ?
Une bonne dose de fierté d’être Québécois. Voilà qui compense un peu les vidanges des VR déversées par des campeurs sur des plages !
Si jamais vous avez la chance de vous permettre cette escapade (17 heures de route en partant de la région de Montréal), faitesle. Vous ne serez pas déçus. Un cours d’histoire, de géographie. Une occasion de prendre conscience de l’ampleur et de la richesse de notre territoire.
Ceci dit, mon émerveillement devant le panache de ce que nous avons réalisé jadis me replonge dans le dernier débat politique qui a précédé mes
LG-2 à refaire en 2020 ? On ferait du placotage et des études
vacances : le projet de loi 61. Celle qui visait à accélérer la réalisation de certains projets.
Comment un peuple dit de bâtisseurs a pu glisser au fil des ans vers une pareille paralysie collective ? Le gouvernement est si embourbé qu’il sent le besoin de voter une loi pour que ses propres projets finissent par aboutir. Déjà loufoque, non ? Mais de surcroît, ladite loi fait face à un mur d’objections.
Nous construisions les plus gros barrages du monde, et désormais nous avons les deux pieds et la tête dans la même bottine quand vient le temps de reconstruire une école. La peur des scandales, l’environnement, tous les prétextes sont bons. Comme si nous étions tous rassurés de sentir que rien ne se fait.
Plus j’y pense, plus je crois que François Legault n’aurait même pas dû hésiter, reculer et reporter la discussion à l’automne. Les Québécois qui ont voté Legault le suivent lorsqu’il se comporte comme le gars qui fait arriver les choses. J’en suis convaincu. Cela fait partie de sa marque de commerce.
Sincèrement, si le projet LG2 avait été conçu trente ans plus tard, il serait resté sur papier.