Le Journal de Montreal

Les débardeurs du Port de Montréal de retour à la table de négociatio­ns

L’Associatio­n des employeurs maritimes et le syndicat toujours à couteaux tirés

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À la veille de la reprise des négociatio­ns avec les débardeurs du Port de Montréal, en grève depuis plus d’une semaine, l’Associatio­n des employeurs maritimes (AEM) accentue la pression.

MARTIN JOLICOEUR

Estimant que leur structure salariale actuelle crée « un incitatif à faire la grève », la partie patronale informait le syndicat lundi de sa décision de réduire les conditions prévues à leur convention collective.

Échue depuis décembre 2018, son renouvelle­ment est au coeur du bras de fer qui perturbe les activités portuaires de la métropole depuis des semaines.

DES CONDITIONS À LA BAISSE

À compter de demain, selon l’avis obtenu par Le Journal, l’employeur limitera donc à 37,89 $ le taux horaire moyen des débardeurs affectés à un quart de soir ; et à 39,70 $ le taux horaire moyen des débardeurs tenus de travailler la nuit, les fins de semaine et les jours fériés.

Ces nouvelles conditions tranchent net avec les salaires auxquels les débardeurs étaient habitués. En effet, selon leur dernière convention, le taux horaire de base d’un débardeur s’établit en moyenne à 36,09 $ de l’heure.

Le soir, par contre, ce taux augmentait à 54,14 $ de l’heure (temps et demi) ; tandis que la nuit, les fins de semaine, les jours fériés, leur salaire passait à 72,18 $ de l’heure (temps double), pour un salaire annuel moyen de 110000 $ (avant avantages sociaux).

MENACE DE REPRÉSAILL­ES

Le Syndicat des débardeurs du Port de Montréal, associé au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), n’a pas donné suite aux demandes d’entrevues du Journal.

Selon La Presse Canadienne, leur président Martin Lapierre, aurait réagi en annonçant qu’à compter de lundi ses membres ne travailler­ont dorénavant que sur les quarts dont l’employeur saura respecter la convention collective.

L’AEM, qui représente la majorité des employeurs du Port de Montréal, n’a pas non plus souhaité accorder d’entrevue, afin dit-elle de ne pas nuire à la reprise des négociatio­ns, ce matin. Interrompu­es depuis la semaine dernière, ces dernières doivent en principe se poursuivre jusqu’à vendredi.

PRESSIONS INTENABLES

Par la voix d’une de ses porte-parole, Kate Monfette, l’employeur soutient avoir dû modifier les conditions des débardeurs, en raison de pressions financière­s devenues « intenables ».

Par ses moyens de pression, forçant le déplacemen­t du travail de jour vers du travail de soir, de nuit et de fin de semaine, le syndicat cherche à percevoir des primes salariales qui autrement ne seraient pas payables, soutient l’employeur.

« La structure actuelle crée donc un incitatif à faire la grève. Vous comprendre­z que nous ne pouvons cautionner aucune action qui nuit aux opérations du port », justifiait le vice-président relations industriel­les, Nicola Dolbec, dans l’avis acheminé au syndicat. Du même souffle, il incitait les débardeurs à cesser toute grève et à la reprise rapide des négociatio­ns en vue du renouvelle­ment de la convention collective.

Au nombre de 1150, les débardeurs seront en grève jusqu’à vendredi matin. Un autre groupe de quelque 150 débardeurs (les vérificate­urs), se joindra aujourd’hui au débrayage jusqu’à vendredi. Comme les premiers, leur convention collective est échue depuis 2018.

 ?? PHOTO AGENCE QMI, JOEL LEMAY ?? Selon la partie patronale, par leurs moyens de pression, les syndiqués cherchent à percevoir des primes salariales (soir, nuit, fin de semaine) qui autrement ne seraient pas payables. Ici, des syndiqués, sur la ligne de piquetage, vendredi.
PHOTO AGENCE QMI, JOEL LEMAY Selon la partie patronale, par leurs moyens de pression, les syndiqués cherchent à percevoir des primes salariales (soir, nuit, fin de semaine) qui autrement ne seraient pas payables. Ici, des syndiqués, sur la ligne de piquetage, vendredi.

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