300 000 sans-abri
La communauté libanaise de Montréal s’est rassemblée pour pleurer, mais aussi pour exiger des changements
La tristesse, la colère, la rage et la recherche de responsables ont teinté une vigile initialement organisée afin de rendre hommage aux victimes des explosions de Beyrouth mardi, au centre-ville de Montréal, hier soir.
« Tous doivent partir [en référence aux politiciens en place au Liban] » a été un des slogans scandés en arabe par les quelques centaines de Montréalais d’origine libanaise, plutôt jeunes, rassemblés hier soir au square Dorchester, à l’intersection de la rue Peel et du boulevard René-Lévesque.
À partir de 19 h et pendant plus de deux heures, des membres de Diaspora
Unie de Montréal, une communauté politique, avaient donné rendezvous à tous ceux qui désiraient rendre hommage à leurs « frères et soeurs » qui ont perdu la vie dans les explosions survenues mardi midi, au port de Beyrouth.
Après avoir cité les noms de plusieurs personnes décédées, tenu une minute de silence et allumé des lampions, les messages et les discours livrés au mégaphone ont rapidement pris une teneur politique.
« Ce gouvernement doit tomber. Le président doit tomber et la religion doit tomber, a énuméré avec émotion et sous les applaudissements Helene Chahine devant plusieurs membres des médias. Je pense que les gens qui sont responsables doivent être amenés en justice. C’est horrible ce qui s’est passé. »
« Ce n’est pas seulement une erreur, c’est de la négligence, a ajouté Stephani Moukhaiber, 25 ans, porte-parole de la communauté. On est ici, et privilégiés. On doit être là pour nos proches qui sont là-bas et unir nos voix. »
ÉTREINTES ET SANGLOTS
L’aspect revendicateur du rassemblement a néanmoins témoigné de la profonde tristesse ressentie par les centaines de personnes, dont la plupart arboraient le masque.
Des gens pour qui les 24 heures précédentes avaient été des plus pénibles se sont étreints en guise de réconfort, d’autres, inconsolables, ont carrément fondu en larmes sous la lourdeur de l’ambiance qui régnait au parc.
« Ça fait très mal, a laissé tomber Rana Hallaby, 28 ans, dont la cousine travaillait dans un hôpital qui a été ravagé. J’espère que le peuple libanais se soulèvera. Il n’a plus rien à perdre. »
« On est venus pour être solidaires. On est nés au Liban. Beyrouth, c’est la ville où on a grandi, a confié à son tour Toufic Srouji, 27 ans, qui s’est recueilli avec sa conjointe Jana Fakhouri. Tous les souvenirs que nous avons sont détruits. On a du mal à accepter que ça se soit passé. »