Une crise alimentaire se profile dans ce pays du Proche-Orient
AFP | Déjà éprouvé par le chaos des explosions mortelles, le Liban doit aussi se préparer à faire face à une crise alimentaire qui se dessine avec la destruction du port de Beyrouth et d’importants silos de grains.
« On craint qu’une grande quantité des réserves de blé sur le port ait été affectée ou détruite par l’explosion. Les stocks sont gravement endommagés, a indiqué Dominique Burgeon, responsable des urgences de l’Agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation. Et on craint d’avoir à assez brève échéance un problème de disponibilité de farine pour le pays. »
Or, la nation était déjà en train de traverser la pire crise économique de son histoire, aggravée par la pandémie, selon le Programme Alimentaire mondial (PAM), une autre agence de l’ONU.
« Ces événements surviennent à une période d’une flambée du taux de chômage et des coupes de salaires, de nombreuses familles luttant pour joindre les deux bouts. [...] 50 % des Libanais ont indiqué craindre de ne pas avoir suffisamment de nourriture pour manger », précise l’organisme.
Plus d’un million de personnes vivent sous le seuil de la pauvreté.
BEAUCOUP D’IMPORTATIONS
Le port de Beyrouth, le plus important au pays, a été ravagé par les explosions. La difficulté de s’approvisionner pourrait mener à une montée en flèche du prix de la nourriture, alors que le Liban importe 85 % de ses aliments.
« Le prix d’un panier alimentaire mensuel, c’est-à-dire une sélection de base dont une famille a besoin, a plus que doublé au cours des six derniers mois », déplore le PAM.
« Certains rapports indiquent que 120 000 tonnes métriques de denrées alimentaires, blé, soja, haricots et autres étaient stockées au port », ajoute-t-il.
Une source onusienne a confirmé à l’AFP que le silo national a aussi été « complètement détruit » et que les réserves de grains qu’il contenait étaient « inutilisables » pour la consommation.
Néanmoins, les silos nationaux ne contenaient que quelque 15 000 tonnes de blé pour une capacité de 120 000 tonnes, a souligné un média spécialisé des Émirats arabes unis.
BATEAUX EN ROUTE
Le ministre de l’Économie, Raoul Nehme, a dit que le Liban « disposait de réserves [de blé] suffisantes pour un peu moins d’un mois », et qu’il n’y avait « pas de craintes immédiates de pénurie ».
Selon lui, « trois bateaux chargés de 28 000 tonnes de blé sont actuellement à l’approche du Liban ».
« Ce que nous devons faire, c’est trouver d’autres moyens de stockage, silos ou entrepôts plus petits », a-t-il affirmé.