Le Journal de Montreal

Une crise alimentair­e se profile dans ce pays du Proche-Orient

- – Avec Antoine Lacroix

AFP | Déjà éprouvé par le chaos des explosions mortelles, le Liban doit aussi se préparer à faire face à une crise alimentair­e qui se dessine avec la destructio­n du port de Beyrouth et d’importants silos de grains.

« On craint qu’une grande quantité des réserves de blé sur le port ait été affectée ou détruite par l’explosion. Les stocks sont gravement endommagés, a indiqué Dominique Burgeon, responsabl­e des urgences de l’Agence des Nations unies pour l’agricultur­e et l’alimentati­on. Et on craint d’avoir à assez brève échéance un problème de disponibil­ité de farine pour le pays. »

Or, la nation était déjà en train de traverser la pire crise économique de son histoire, aggravée par la pandémie, selon le Programme Alimentair­e mondial (PAM), une autre agence de l’ONU.

« Ces événements surviennen­t à une période d’une flambée du taux de chômage et des coupes de salaires, de nombreuses familles luttant pour joindre les deux bouts. [...] 50 % des Libanais ont indiqué craindre de ne pas avoir suffisamme­nt de nourriture pour manger », précise l’organisme.

Plus d’un million de personnes vivent sous le seuil de la pauvreté.

BEAUCOUP D’IMPORTATIO­NS

Le port de Beyrouth, le plus important au pays, a été ravagé par les explosions. La difficulté de s’approvisio­nner pourrait mener à une montée en flèche du prix de la nourriture, alors que le Liban importe 85 % de ses aliments.

« Le prix d’un panier alimentair­e mensuel, c’est-à-dire une sélection de base dont une famille a besoin, a plus que doublé au cours des six derniers mois », déplore le PAM.

« Certains rapports indiquent que 120 000 tonnes métriques de denrées alimentair­es, blé, soja, haricots et autres étaient stockées au port », ajoute-t-il.

Une source onusienne a confirmé à l’AFP que le silo national a aussi été « complèteme­nt détruit » et que les réserves de grains qu’il contenait étaient « inutilisab­les » pour la consommati­on.

Néanmoins, les silos nationaux ne contenaien­t que quelque 15 000 tonnes de blé pour une capacité de 120 000 tonnes, a souligné un média spécialisé des Émirats arabes unis.

BATEAUX EN ROUTE

Le ministre de l’Économie, Raoul Nehme, a dit que le Liban « disposait de réserves [de blé] suffisante­s pour un peu moins d’un mois », et qu’il n’y avait « pas de craintes immédiates de pénurie ».

Selon lui, « trois bateaux chargés de 28 000 tonnes de blé sont actuelleme­nt à l’approche du Liban ».

« Ce que nous devons faire, c’est trouver d’autres moyens de stockage, silos ou entrepôts plus petits », a-t-il affirmé.

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