Indignation devant la mort de deux itinérantes inuites
Les sans-abri montréalais n’ont pas accès aux services les plus essentiels
Le décès de deux itinérantes inuites, happées par des voitures à Montréal, indigne des citoyens et des organismes communautaires, face au manque de ressources pour ces sans-abri de plus en plus nombreux sur Le Plateau-Mont-Royal.
CLARA LOISEAU
Hier après-midi, plusieurs dizaines de personnes se sont réunies au square Cabot pour rendre hommage à Kitty Kakkinik, la jeune femme inuite décédée le 28 juillet dernier, frappée par une voiture sur Le Plateau-Mont-Royal.
On a aussi honoré la mémoire de Dinah Matte, une autre femme autochtone tuée par un automobiliste qui a pris la fuite, quelques semaines plus tôt, à Westmount.
L’émotion était palpable, et plusieurs n’ont pu retenir leurs larmes lorsqu’ils partageaient des souvenirs des deux femmes.
« Ces [personnes en situation d’itinérance] sont laissées à elles-mêmes dans la rue, elles sont traitées de façon inhumaine ! Elles manquent des services essentiels comme l’eau, ou même des toilettes, alors que c’est la base ! Il faut que les élus fassent quelque chose », exhorte Andrée Deveault, une résidente du quartier Milton-Parc.
Pour Nakuset, directrice générale du Native Women’s Shelter à Montréal, les différents gouvernements doivent s’activer pour répondre aux besoins, « car il y a des gens, des femmes, qui meurent en ce moment dans la rue ». 5000 REPAS PAR JOUR
« Chaque jour depuis plusieurs mois, nous sommes dans la rue pour distribuer 5000 repas par jour, sept jours par semaine. On donne des vêtements, on fait tout parce qu’on sait que les gens sont dans la rue. Alors, quand est-ce que la Ville va faire ouvrir des endroits sûrs pour toutes ces personnes ? », s’interroge Nakuset.
Sur Le Plateau-Mont-Royal, même si les besoins sont en hausse, seul l’organisme La Porte Ouverte accueille des sans domicile fixe durant la journée, du lundi au vendredi, pour leur donner un moment de répit.
Beaucoup de sans-abri ont suivi l’organisme, auparavant situé au square Cabot, pour continuer d’avoir accès aux services qu’il offre, ce qui a eu pour effet d’augmenter leur présence dans Milton-Parc.
RIEN LA NUIT
De jour, « [les sans domicile fixe] peuvent venir de 7 h 30 à 17 h 30 pour prendre une douche, un repas, ou faire une sieste », explique Clémentine Mwabange, une intervenante de l’organisme.
Mais le soir, il n’y a rien. Alors, certains restent dans le quartier et utilisent les portes d’entrée, les dessous d’escaliers ou encore les balcons pour passer la nuit.
Alex Norris, conseiller du district Jeanne-Mance, assure être au fait de la situation et promet que l’Arrondissement travaille « fort » depuis plusieurs années pour pallier le problème.
« Il reste encore beaucoup de travail à faire, on en est conscient. Ce sont des citoyens à part entière qui méritent notre compassion et notre soutien », reconnaît-il.