Le Journal de Montreal

Innus et Atikamekw réclament des milliards de dollars

- PATRICK BELLEROSE Bureau parlementa­ire

Les Innus de Pessamit et les Atikamekw de Wemotaci menacent de bloquer la constructi­on d’une importante ligne de transport d’hydroélect­ricité vers le Massachuse­tts si Québec ne s’engage pas à leur verser des milliards de dollars, comme ce fut le cas avec les Cris lors de la Paix des braves.

La communauté de Pessamit, sur la CôteNord, estime avoir joué un rôle déterminan­t dans l’abandon du projet Northern Pass au New Hampshire, l’an dernier, grâce à son lobbyisme auprès des médias et des décideurs américains.

Les deux groupes menacent maintenant de reprendre le bâton du pèlerin pour faire échouer le projet qui l’a remplacé, soit une ligne qu’Hydro-Québec souhaite faire passer par le Maine pour alimenter le Massachuse­tts.

« S’il n’y a pas d’améliorati­on du côté du gouverneme­nt du Québec, on va faire une campagne publicitai­re contre Hydro-Québec, contre le gouverneme­nt du Québec […] et on va poursuivre la démarche aux États-Unis », a expliqué le chef des Innus de Pessamit, René Simon, lors d’une conférence de presse à Québec.

PRESSIONS AUX ÉTATS-UNIS

Et si le lobbyisme échoue, le chef Simon n’exclut pas des blocus comme ceux qui ont paralysé le réseau ferroviair­e du pays l’hiver dernier. « Si, en cours de route, on s’aperçoit que ce que le gouverneme­nt du Québec amène à la table, ce n’est pas assez pour nous, je pense qu’on va être obligé d’agir autrement », laisse-t-il planer.

Se disant victimes d’un « racisme systémique » en raison de la pauvreté dans laquelle leurs communauté­s sont plongées, les deux groupes réclament également d’importante­s compensati­ons pour 33 ouvrages de production hydroélect­rique, en plus de 130 barrages et digues déjà construits sur leurs territoire­s.

Le conseiller de la communauté atikamekw de Wemotaci, Guy Laloche, estime que ces sommes permettrai­ent d’aplanir les inégalités sociales. « On veut changer cette dynamique-là », dit-il en référence à la pauvreté et au taux de chômage élevé qui affectent sa communauté.

COMME LA PAIX DES BRAVES

Pour sa part, le chef Simon explique qu’il ne souhaite pas négocier une entente territoria­le, mais plutôt obtenir des compensati­ons.

« La dernière entente qu’il y a eu, avec la Paix des braves, c’est des milliards de dollars, fait-il remarquer. Ça touche les projets de développem­ent hydroélect­rique, les projets miniers, les projets forestiers… Ça touche tous les projets qui font du désastre au niveau du territoire ancestral des Cris. C’est la même situation qu’on vit, au niveau des Innus et des Atikamekw. »

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Chef des Innus de Pessamit
RENÉ SIMON Chef des Innus de Pessamit

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