Le Journal de Montreal

Ça sent la défaite dans le camp Trump

- PIERRE MARTIN l @PMartin_UdeM

Même s’il est de bon ton de dire que le président peut encore être réélu, Donald Trump est plus éloigné de la victoire qu’il ne l’a jamais été.

Bien sûr, Donald Trump peut encore théoriquem­ent gagner, mais il s’agit d’un truisme qui ne signifie pas grand-chose.

Trump doit faire vite, car les premiers bulletins postaux seront envoyés dès septembre et les circonstan­ces qui pourraient changer la donne paraissent de moins en moins réalistes… et non, je n’ai pas oublié que bien des prévisionn­istes – dont votre humble serviteur – avaient sous-estimé Trump en 2016.

DES SIGNES CLAIRS

N’empêche que Joe Biden est nettement en meilleure posture qu’Hillary Clinton était à pareille date en 2016. Son avance est plus grande, il y a moins d’indécis et ses appuis sont plus stables, y compris dans la plupart des États clés.

De plus, les sondeurs avaient sous-représenté certains groupes pro-Trump en 2016 et ils ont corrigé le tir cette année.

Des modèles sérieux comme celui du magazine The Economist, qui tiennent compte entre autres de la conjonctur­e économique anticipée, accordent à Biden une probabilit­é de victoire entre 85 % et 90 %.

On détecte aussi des signes de désarroi, voire de panique, chez les républicai­ns. Certains candidats prennent discrèteme­nt leurs distances de Trump, dont le contrôle sur « son » électorat est loin d’être absolu. Au Kansas mardi, les électeurs républicai­ns ont rondement rejeté Kris Kobach, candidat favori de Trump pour le Sénat.

Les conditions économique­s sont défavorabl­es à Trump et sur la pandémie, la vaste majorité des Américains est insatisfai­te de lui et il y a peu de chances que ça change bientôt.

DES ARGUMENTS BOITEUX

Les lacunes de Biden qu’on brandit pour prédire sa déconfitur­e – son âge, sa propension aux gaffes et les « scandales » que les républicai­ns lui attribuent – sont déjà bien connues des électeurs. Quant à l’étiquette d’extrême-gauche qu’on veut lui faire porter en prétendant qu’il est sous l’emprise de la frange plus progressis­te de son parti, elle ne colle pas.

Pour sa part, Donald Trump a montré des signes de faiblesse dans des entrevues récentes catastroph­iques à Fox News et à HBO.

Il se comporte comme s’il était dans l’opposition et n’arrive pas à énoncer ses priorités pour un deuxième mandat. De plus, la pandémie privera Trump de son arme préférée, les grands ralliement­s.

DES INQUIÉTUDE­S

Pour ceux qui craignent une réélection de Trump, l’inquiétude vient surtout des possibilit­és de suppressio­n du vote de groupes identifiés aux démocrates dans certains États contrôlés par les républicai­ns.

À cela s’ajoute le doute qui entoure la capacité des autorités électorale­s de gérer adéquateme­nt le vote par la poste, qui sera très sollicité en raison de la pandémie.

À moins de surprises majeures, la principale source d’inquiétude est moins de savoir comment les électeurs se prononcero­nt, mais si le président et son parti imposeront des obstacles à l’expression de ces préférence­s et s’ils respectero­nt ce verdict.

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