LOUISE DESCHÂTELETS
Éviter la COVID, oui, éviter le divorce, encore mieux !
Quelques jours avant notre confinement, j’avais pris la décision d’annoncer à ma conjointe de plus de 12 ans que nos chemins allaient devoir se séparer, vu que nous n’avions plus rien en commun. Nous nous étions mariés très jeunes, à la fin de notre cégep, avec l’idée de fonder une famille. Mais les études accaparantes que nous avons faites chacun de notre côté, elle en génie et moi en informatique, puis juste après nos deux emplois tout aussi accaparants, ont sans cesse repoussé l’idée d’avoir des enfants.
Horaires de fous, stress inévitable, un topo qui fait en sorte que deux personnes se distancient au point de ne plus avoir rien à se dire quand elles sont ensemble. Et l’an dernier, à la suite d’une indiscrétion d’un de ses collègues, j’ai cru deviner que mon épouse avait eu une aventure avec un de ses clients. Je n’ai pas poussé plus loin l’enquête, vu que je ne suis pas irréprochable sur ce plan.
Nous vivions en parallèle, plus en colocataires qu’en couple. J’en avais assez. Mais voilà que le confinement arrive comme un cheveu sur la soupe pour nous forcer à vivre 7 jours/7 l’un en face de l’autre. Même si on faisait de bonnes journées devant nos ordinateurs, le soir venu, on se retrouvait en tête-à-tête. Avec le silence comme troisième convive, on était mal à l’aise au début. Mais après deux semaines, ce fut la débâcle tant on s’est mis à parler.
Pas juste parler pour parler. Mais parler pour expliquer nos vies, le sens de la vie, de ce que nous en attendions, de nous deux comme couple, de nos déceptions. Je lui ai avoué que j’avais songé à demander le divorce. Sa réponse : « Je le savais ! » Puis : « J’y songeais moi aussi ! » Qui a donné le résultat incroyable que nous nous sommes retrouvés, que nous sommes retombés amoureux l’un de l’autre et que nous nous sommes promis que plus jamais nous ne laisserions nos fameux boulots nous éloigner comme ça. Plus question de perdre de vue nos priorités pour nous retrouver chacun dans notre cage d’écureuil. La prochaine fois que je vous écris sera peut-être pour vous annoncer, du moins je l’espère, la venue au monde d’un bébé du confinement.
Homme qui espère devenir père
Je vous le souhaite de tout coeur ce bébé. Mais surtout je vous remercie d’avoir eu envie de partager cette si belle expérience de vie. On ne le dira jamais assez à quel point la communication demeure un élément primordial dans le maintien en santé d’une vie de couple. Il ne faut pas non plus perdre de vue que l’amour, ça s’entretient. Car contrairement à une certaine croyance populaire, ça prend beaucoup d’ouvrage pour le maintenir en vie.
Placer ou non ses parents
Je voudrais soutenir celle qui se reprochait d’avoir placé sa mère dans une résidence où la COVID-19 l’avait fauchée puisque la même infamie m’est advenue. Puis-je lui signaler que personne n’avait vu venir ce fléau ? Et tout comme elle, je pensais l’installer dans un lieu pour qu’elle soit avec des gens avec qui elle partageait des intérêts. En ce qui me concerne, j’ai eu la chance de passer avec elle 5 h par jour pendant une semaine. J’ai cru qu’elle passerait au travers, mais elle souhaitait être délivrée de ses souffrances. Ça fait deux mois et je m’en remets peu à peu puisqu’il le faut bien. Le fils de Madame T.
Merci d’apporter un baume sur la plaie de cette dame. Comme la deuxième partie de votre lettre paraîtra demain, je me permets de terminer ma réponse avec la citation de Romain Gary qui coiffait votre lettre : « Avec l’amour maternel, la vie nous fait une promesse qu’elle ne peut pas tenir. »