Les Libanais se serrent les coudes
Les Libanais sont sortis pour exiger un profond changement politique et faire le ménage
AFP ET LE JOURNAL | Dans le quartier des bars de Beyrouth, des centaines de Libanais ont troqué leur bière pour des balais, s’organisant avec solidarité sans attendre l’État, afin de nettoyer les débris de la terrible explosion de mardi.
« Si nous avions un vrai État, il serait dans la rue depuis hier en train de nettoyer. Où sont-ils? », s’insurge Melissa Fadlallah, une bénévole mobilisée dans le quartier Mar Mikhaël, célèbre pour ses bars et restaurants, situé à quelques pas du port de la capitale du Liban.
Dans ce secteur de vieilles bâtisses traditionnelles, les façades et les vitrines ont volé en éclat mardi après deux énormes explosions provoquées selon les autorités par 2750 tonnes de nitrate d’ammonium, entreposées « sans précaution » dans un hangar.
Au lendemain du drame qui a fait plus de 130 morts et 5000 blessés, les Libanais n’ont pas attendu. Ils ont lancé eux-mêmes les opérations de nettoyage et de déblayage des décombres.
Devant des immeubles à demi-effondrés, des dizaines de jeunes bénévoles ramassaient hier les morceaux de verre, tirant de gros sacs en plastique remplis de débris.
DES FONCTIONNAIRES ARRÊTÉS
Au moins 16 fonctionnaires du port de Beyrouth et des autorités douanières ont été placés en détention, a signifié un procureur militaire, sans toutefois fournir leur identité.
Il s’agit de « responsables du conseil d’administration du port de Beyrouth et de l’administration des douanes, et des responsables des travaux d’entretien et des ouvriers ayant effectué des travaux dans le hangar », où étaient entreposées les tonnes de nitrate d’ammonium.
Selon les autorités libanaises, l’entrepôt aurait explosé après un incendie.
Les autorités du port, les services des douanes et certains services de sécurité étaient tous au courant que des matières chimiques dangereuses étaient présentes à cet endroit, mais ils se sont rejeté mutuellement la responsabilité.
DES CHANGEMENTS RÉCLAMÉS
Furieux après une catastrophe de trop dans le pays en plein naufrage, les Libanais et la communauté internationale réclament des comptes.
Le président français Emmanuel Macron, en visite à Beyrouth hier, et le Fonds monétaire international ont entre autres appelé à « des réformes cruciales » de la part des dirigeants libanais, accusés d’incompétence et de corruption par la population.