Un match de plusieurs millions
Il y a de ces victoires qui peuvent valoir des millions de dollars. Une victoire du Canadien ce soir contre les Penguins vaut ces millions.
Si ce n’est pas ce soir, ce sera celle de demain qui permettra aux Glorieux d’enfin participer aux séries éliminatoires. Les vraies. Celles qui comptent.
C’est le contexte qui donne tant de valeur à cette victoire ultime à aller chercher contre les Penguins.
Geoff Molson et France Margaret Bélanger s’arrachent les cheveux pour aller chercher des revenus pour amortir les effets terrifiants du dernier confinement.
Et pour faire face à une reprise qui est loin d’être assurée en décembre prochain.
VENDRE DES TICKETS
Les vendeurs du Centre Bell ont beau être compétents et faire des efforts inouïs, les clients sont réfractaires à l’idée de payer 15 000 $ pour deux abonnements pour un produit que personne ne connaît encore.
Foule de 21 000 spectateurs ? Foule avec distanciation sociale de 7000 spectateurs ? Matchs à huis clos ? Personne n’a la réponse d’Horacio Arruda.
Mais en battant les Penguins ce soir ou au pis aller demain, le Canadien donne de l’espoir aux fans. Et génère un intérêt qui est vendeur.
Ça serait la première fois depuis cinq ans que le CH gagnerait un match déterminant dans une série quelconque. Depuis qu’ils ont vaincu les Sénateurs d’Ottawa en avril 2015. Ça n’a pas de prix quand vient le temps de vendre pour des millions de dollars d’abonnements de saison.
Pour la première fois depuis des lunes, le Canadien mériterait un peu de respect et beaucoup d’affection de leurs fans… ordinaires. Ceux, moins passionnés, qui font la différence dans le coffre-fort.
ET IL Y A LA TÉLÉVISION
Une victoire qui vaut des millions ? Pas juste pour Geoff Molson. Depuis que Sportsnet et TVA ont raflé pour 5,2 milliards les matchs des séries éliminatoires, TVA a cruellement souffert de la médiocrité du CH. On le réalise encore cette année. Même si la série contre Pittsburgh est une série de qualification, les fans la perçoivent comme une vraie série éliminatoire. Et les chiffres montrent l’impact d’avoir le Canadien dans le sprint final. On a déjà atteint une pointe à plus d’un million pour le match de lundi avec une moyenne d’audience supérieure à 800 000 téléspectateurs.
C’est du monde pour un canal spécialisé. Et avec cette victoire tant espérée par les dirigeants de Québecor, TVA Sports aurait droit à une belle « ride » de deux autres semaines en se servant du Canadien pour vendre le reste de sa programmation. Quand le match du Canadien tire un million, il y a des chances qu’une partie de ce million de fans reste devant l’écran pour le match suivant. Ou pour Dave Morissette.
On le sait, le réseau est largement déficitaire. Malheureusement, la médiocrité de l’équipe montréalaise a contribué à ces déficits annuels. Le reste du Canada peut toujours se retourner vers Vancouver, Calgary, Ottawa, Winnipeg ou Edmonton pour tenir le fort quand les Maple Leafs de Toronto font patate. Au Québec, tant que Gary Bettman va bloquer le retour des Nordiques, le Canadien est en situation de monopole. Même quand il est minable et misérable.
MÊME LA RADIO
Victoire importante même pour la radio. La programmation sportive du 98,5 dépend essentiellement du Canadien. L’Impact est dans les limbes et nul ne sait si les Alouettes vont disputer un match en 2020. Avec une victoire ce soir ou demain, Martin McGuire va pouvoir étourdir ses auditeurs deux autres semaines. C’est du bon cash.
Et à la radio sportive de Montréal, le 91,9, on prie sans le dire pour que le Tricolore complète son miracle : « Nous avons pris une très bonne décision en entamant notre saison régulière de programmation le 27 juillet. Si on pouvait en plus compter sur le Canadien pour quelques semaines, ce serait un beau coup de pouce. Même pour la confiance de nos entreprises », soulignait hier Robert Ranger, le président de RNC média.
Dans leur bulle, les joueurs n’en ont rien à cirer de ces enjeux qui se jouent au-dessus de leur tête. Soit dit en passant, ils ne seraient pas dans une bulle qu’ils s’en sacreraient quand même.
Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont riches…
Encore un effort, les p’tits gars.