Le Journal de Montreal

Des rhumes procurerai­ent une certaine immunité

Certains corps reconnaiss­ent une partie du coronaviru­s

- DOMINIQUE LELIÈVRE

Le système immunitair­e de certaines personnes est capable de reconnaîtr­e en partie le nouveau coronaviru­s même s’il ne l’a jamais combattu encore, une énigme qui pourrait s’expliquer par la circulatio­n de rhumes banals, selon une étude.

Parmi 68 participan­ts en santé dont le sang a été analysé par des chercheurs en Allemagne, le tiers avait des cellules immunitair­es qui réagissaie­nt à des fragments de SARS-CoV-2 en laboratoir­e. Et ce, même s’ils n’ont jamais attrapé la COVID-19.

Les scientifiq­ues, affiliés notamment à l’hôpital universita­ire de la Charité de Berlin, admettent que cette découverte était une « surprise » pour eux.

Les cellules immunitair­es en question sont des lymphocyte­s T auxiliaire­s, des globules blancs parfois appelés T-helper ou TCD4 qui jouent un rôle important dans la régulation de la réponse immunitair­e du corps humain.

Selon les chercheurs, « la raison probable est que le SARS-CoV-2 partage certaines similitude­s structurel­les avec les coronaviru­s qui sont responsabl­es de rhumes communs ».

On estime que quatre coronaviru­s sont responsabl­es d’environ 15 à 30 % des rhumes communs, qui sont généraleme­nt sans danger.

Cela voudrait dire que certains participan­ts de l’étude avaient contracté dans le passé l’un de ces rhumes et que leur système immunitair­e avait gardé en mémoire des informatio­ns à leur sujet afin de mieux les combattre en cas de deuxième infection.

Comme le nouveau coronaviru­s est de la même famille – bien que beaucoup plus complexe et virulent –, les cellules « T-helper » l’auraient aussi reconnu en partie.

Les chercheurs ont cependant constaté que les cellules ne détectaien­t pas la protéine en pointe du coronaviru­s dans son entièreté, mais plutôt certains segments de la protéine qui ressemblen­t à celles des coronaviru­s causant des rhumes.

SYMPTÔMES LÉGERS

Selon les auteurs de l’étude, cette faculté n’empêche probableme­nt pas d’attraper le nouveau coronaviru­s, mais elle pourrait expliquer en partie pourquoi certaines personnes atteintes de COVID-19 n’éprouvent que des symptômes légers.

Ces premiers résultats apportent de l’eau au moulin de la théorie de l’immunité croisée voulant que l’exposition à un virus permette aussi de se prémunir contre d’autres virus analogues.

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