Le Journal de Montreal

Bombardier mise sur la pandémie pour vendre des jets d’affaires

Les riches aiment pouvoir voyager sans voisins de rangée et en évitant les aérogares

- SYLVAIN LAROCQUE

Le nouveau PDG de Bombardier, Éric Martel, ne s’en cache pas : la crise sanitaire pourrait l’aider à vendre des jets d’affaires aux ultra-riches.

« Le jet d’affaires pourrait bien devenir un gagnant de cette pandémie puisque les gens voudront voyager de façon plus sûre », a estimé hier M. Martel.

Le dirigeant faisait allusion aux avantages évidents de voyager dans un avion privé par rapport aux vols commerciau­x lorsqu’il importe de limiter ses contacts avec autrui : pas de va-et-vient dans les aéroports, pas de voisin de rangée, pas de toilettes communes.

REPRISE RAPIDE

D’ailleurs, l’activité reprend rapidement dans l’aviation d’affaires : aux É.-U., le recul du trafic n’est plus que de 15 % par rapport à l’an dernier, alors qu’il est toujours de 65 % dans l’aviation commercial­e, selon FlightAwar­e.

Mais cela ne se traduit pas encore, pour l’instant, en nouvelles ventes pour Bombardier. En fait, au deuxième trimestre, la valeur du carnet de commandes de l’entreprise dans l’aviation d’affaires a reculé de 10 % pour se chiffrer à 12,9 milliards $ US.

Au cours de la période de trois mois qui a pris fin le 30 juin, Bombardier a livré à peine 20 jets d’affaires, contre 35 l’an dernier.

En juin, Bombardier a annoncé le licencieme­nt de 2500 travailleu­rs, dont 1500 au Québec, à cause justement de l’impact négatif de la pandémie sur la demande d’avions.

Bombardier estime que la crise a amputé ses liquidités de 700 à 900 millions $ US pendant le trimestre. Pour se renflouer, l’entreprise a récemment emprunté 1 milliard $ US.

La pandémie porte également un coup dur aux activités de fabricatio­n de composants aéronautiq­ues de Bombardier. Au deuxième trimestre, les ventes de cette division ont plongé de 69 % alors que le carnet de commandes a fondu de 48 %.

VENTES D’ACTIFS

Le hic, c’est que Bombardier tente actuelleme­nt de finaliser la vente de deux usines de composants, situées en Irlande du Nord et au Maroc, à l’américaine Spirit AeroSystem­s. Plus tôt cette semaine, Spirit a noté que les conditions de la transactio­n n’étaient toujours pas respectées.

Bombardier devra-t-elle se contenter de moins que le prix de vente convenu, soit 500 millions de dollars américains ?

« On a une entente ferme sur le prix et c’est ça qu’on va travailler à avoir », a simplement répondu Éric Martel.

Ce dernier s’est aussi montré rassurant quant à la vente des activités ferroviair­es à Alstom pour 10,7 milliards $.

Hier, Bombardier a annoncé de nouveaux dépassemen­ts de coûts de 435 millions de dollars américains pour des projets en voie d’achèvement, principale­ment au Royaume-Uni et en Allemagne.

« Pour nous, la valeur [de la division ferroviair­e] demeure quand même la même », a soutenu M. Martel.

L’action de Bombardier a clôturé hier à 43 cents à la Bourse de Toronto, un cours inchangé par rapport à celui de la veille.

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PHOTO AFP Le Challenger 350 de Bombardier Avions d’affaires est l’appareil le plus vendu de sa catégorie.
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Grand patron de Bombardier
ÉRIC MARTEL Grand patron de Bombardier

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