Le Journal de Montreal

Un groupe de créanciers du Cirque mécontent de l’enchère en cours

Ils estiment que l’offre soumise pour l’entreprise leur laisse des miettes

- JEAN-FRANÇOIS CLOUTIER

« ON SE CONSIDÈRE TOUJOURS COMME DES PARTENAIRE­S INTÉRESSAN­TS POUR LES CRÉDITEURS, LES PROPRIÉTAI­RES ULTIMES DU CIRQUE, ET ON ESPÈRE QU’ON POURRA ÊTRE PARTENAIRE­S DANS L’AVENIR. »

– Pierre Karl Péladeau,

PDG de Québecor

Un groupe de créanciers du Cirque du Soleil s’adresse à un tribunal américain parce qu’il estime être le dindon de la farce dans le processus en cours de mise à l’enchère de l’entreprise.

Ce petit groupe de créanciers détient pour environ 40 millions $ US (un peu plus de 53 millions $ CA) de la dette de deuxième rang du Cirque.

Dans des documents déposés cette semaine devant un tribunal du Delaware, ces créanciers critiquent vertement le processus de vente du Cirque auquel un juge de la Cour supérieure du Québec a donné son aval en juillet.

« La procédure semble avoir été mise en place pour bloquer toute offre qui apporterai­t plus de valeur aux créanciers de deuxième rang que la valeur négligeabl­e reflétée dans des bons de souscripti­on », allèguent-ils.

Rappelons que c’est la propositio­n d’un autre groupe de créanciers, dirigé par le fonds torontois Catalyst Capital, qui a été acceptée comme soumission d’amorce à la mi-juillet par le conseil d’administra­tion du Cirque.

Cette propositio­n de Catalyst et de ses partenaire­s remplaçait alors une autre propositio­n faite en juin par les propriétai­res du Cirque (TPG, Fosun et la Caisse de dépôt et placement du Québec), mais qui a finalement été écartée.

DÉS PIPÉS ?

Les créanciers autour de Catalyst se font reprocher par l’autre groupe de créanciers d’utiliser leur position majoritair­e au détriment des plus petits prêteurs. « Leurs actions ne sont pas dans le meilleur intérêt des créanciers de deuxième rang », avancent-ils.

Selon ces créanciers, l’interventi­on des tribunaux américains est requise pour rééquilibr­er le jeu, bien qu’ils ne remettent pas en question le fait que les procédures se déroulent surtout au Québec.

« La reconnaiss­ance [des tribunaux québécois] ne devrait pas avoir pour effet de donner carte blanche à une cour étrangère pour qu’elle rende des décisions qui seront automatiqu­ement applicable­s aux États-Unis », argumenten­t-ils.

En vertu de l’offre soumise, les prêteurs de deuxième rang ne recevraien­t que des miettes pour leur argent investi dans le Cirque, alors que la valeur de leur dette se situerait plutôt sur papier à 154 millions $ US (environ 205 millions $ CA).

Au Québec, c’est le cabinet Langlois avocats et Me Gerry Apostolato­s qui représente­nt ce groupe de créanciers indépendan­ts.

PAS D’OFFRE DE QUÉBECOR

Le géant Québecor a par ailleurs fermé la porte jeudi au dépôt d’une offre en bonne et due forme pour le Cirque.

« En date d’aujourd’hui, parce que le processus semble évoluer de sorte que ce sont les créditeurs qui vont en devenir les propriétai­res, on ne fera plus partie de ce processus d’acquisitio­n », a mentionné hier le PDG, Pierre Karl Péladeau.

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PHOTO AFP Les dernières représenta­tions de spectacles du Cirque du Soleil remontent au mois de mars. Ici, une représenta­tion de Crystal, en janvier, à Riga, la capitale de la Lettonie.

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