L’aluminium à nouveau surtaxé
Les États-Unis réimposent des tarifs douaniers de 10 % sur nos exportations
WASHINGTON | (Agence QMI) L’administration américaine a finalement fait ce que plusieurs redoutaient en réimposant des tarifs de douane de 10 % sur l’aluminium canadien, un peu plus d’un mois après l’entrée en vigueur de l’ACEUM.
C’est le président américain, Donald Trump, qui en a fait l’annonce hier, à l’occasion d’une visite en Ohio. Reprenant sa rhétorique sur l’injustice, il a affirmé que le secteur américain de l’aluminium était décimé par le Canada.
« Le Canada profitait de nous, comme d’habitude », a-t-il soutenu, précisant que les nouveaux tarifs étaient « absolument nécessaires ».
Celui qui sollicitera un deuxième mandat en novembre prochain a également fait savoir qu’il « mettrait toujours les travailleurs américains au premier plan ».
RIPOSTE RAPIDE RÉCLAMÉE
Avant même la réaction officielle du gouvernement Trudeau, plusieurs groupes ont dénoncé cette surtaxe et certains, comme le Syndicat des Métallos, le Bloc québécois ou le Parti conservateur, plaident pour une « riposte rapide ».
C’est aussi la position partagée par le premier ministre François Legault qui a dit avoir demandé à son homologue fédéral « d’imposer des tarifs sur des produits américains en représailles ».
« Je compte me battre pour défendre les travailleurs québécois de l’aluminium », a-t-il insisté.
Hier, l’Association de l’aluminium du Canada (AAC) s’est dite « très déçue » de la décision américaine, et ce, malgré l’entrée en vigueur récente du nouvel accord commercial entre le Canada, les États-Unis et le Mexique (ACEUM), le 1er juillet.
Selon certaines compagnies américaines, une hausse de l’offre d’aluminium venant du Canada a entraîné une chute des prix. Elles auraient demandé à Washington de réimposer des tarifs sur l’aluminium canadien si Ottawa refusait de réduire ses exportations au sud de la frontière.
L’AAC n’a pas la même vision des choses. « Il n’y a pas de hausse marquée pour 2020 par rapport à 2019 [...] », a soutenu son PDG, Jean Simard.
Même la U.S. Chamber of Commerce a déploré cette « mauvaise décision », indiquant que les tarifs vont entraîner une augmentation des coûts pour les entreprises américaines.
Le Nouveau Parti démocratique a dénoncé « l’électoralisme de Trump aux États-Unis » et réclamé du fédéral un plan pour protéger les revenus des travailleurs de l’aluminium.
AIDE AU SECTEUR
Au Bloc québécois, on a invité Ottawa à imposer immédiatement des contre-tarifs douaniers et la mise en place d’une aide immédiate au secteur.
« Nous devons faire preuve de force, de rigueur et de détermination pour protéger notre monde et notre secteur de l’aluminium, sans équivoque et sans compromis, a dit le chef bloquiste Yves-François Blanchet, par communiqué. Il faut aussi développer le marché intérieur en favorisant la transformation. »
Pour leur part, les conservateurs disent ne pas avoir « confiance à la capacité de ce gouvernement libéral de défendre notre industrie de l’aluminium ».
« Non seulement les libéraux de Trudeau n’ont pas réussi à négocier les mêmes règles d’origine favorables pour l’aluminium, comme ils l’ont fait pour l’acier dans l’Accord Canada-États-UnisMexique, mais ils n’ont pas tenu leur promesse de remettre tout l’argent découlant des tarifs américains précédents à l’industrie canadienne », a-t-on précisé.