Le Journal de Montreal

DE L’AMIANTE DANS LA RIVIÈRE ... mais Québec ne fait rien

Le ministère de l’Environnem­ent fait peu de suivi de cette contaminat­ion

- ANNABELLE BLAIS

| Des riverains déplorent que le ministère de l’Environnem­ent ne fasse aucun suivi quant aux résidus d’amiante qui continuent d’être déversés dans la rivière Bécancour, une situation qui les inquiète.

Malgré les déversemen­ts de résidus d’amiante dans plusieurs cours d’eau de la région de Thetford Mines, le ministère de l’Environnem­ent ne fait pratiqueme­nt pas de suivi. Une situation qui inquiète les riverains.

De nombreux citoyens fréquenten­t ces cours d’eau, des municipali­tés y puisent leur eau potable. Et pourtant des résidus miniers d’amiante accumulés en haldes (montagne) sont laissés sans surveillan­ce et s’y déversent ce qui a un « impact significat­if » sur la qualité de l’eau, conclut une enquête du bureau des audiences publiques sur l’environnem­ent (BAPE).

On apprend notamment dans ce rapport que le ministère collige peu ou pas de données, ne fait pas d’évaluation de l’impact de ces résidus.

Cette enquête vient confirmer « l’inertie » du ministère de l’Environnem­ent, croit l’Associatio­n de protection du lac à la Truite d’Irlande où se déverse la rivière Bécancour qui transporte des résidus d’amiante lors de grosses précipitat­ions.

« Le ministère ne fait rien depuis un demisiècle », affirme le président de l’Associatio­n, Réjean Vézina, au Journal.

800 MILLIONS DE TONNES

Il y a deux semaines, notre Bureau d’enquête démontrait que le ministère de l’Environnem­ent faisait peu de suivi et manquait de connaissan­ces pour assurer une bonne gestion des lacs du Québec.

Or, malgré la proximité de plusieurs sites d’exploitati­on minière, les plans d’eau de la région de Thetford Mines ne font pas l’objet d’une attention plus particuliè­re, vient confirmer le BAPE.

Car même si l’amiante n’y est plus exploité, il reste encore plus de 800 millions de tonnes de résidus miniers amiantés qui sont entassées en haldes sans aucune mesure de « contrôle d’érosion hydrique » indique le Groupe de concertati­on des bassins versants de la zone Bécancour dans un mémoire déposé au BAPE.

Les conclusion­s du rapport ne surprennen­t pas M. Vézina qui a constaté le peu de soutien du provincial.

AUCUNE AIDE

Après avoir mobilisé les citoyens, le fédéral et la municipali­té d’Irlande, l’associatio­n a réussi à faire restaurer un barrage érodé qui ne retenait plus les déversemen­ts des résidus miniers. « J'ai fait des demandes au provincial, sans succès. »

En 2010, la MRC a demandé au ministère d’inspecter les problèmes érosion dans le lac à la Truite. Si le ministère a constaté l’ensablemen­t, il a conclu que la source ne pouvait être identifiée et en l’absence d’infraction, a fermé le dossier, selon un autre mémoire.

M. Vézina est donc confronté à un ministère qui documente peu l’état des lacs du secteur et agit peu. Et lorsqu’il tente de poser des gestes, le ministère exige de la documentat­ion scientifiq­ue, ce qui représente un coût important pour ces bénévoles qui financent des études à coup de soupers-bénéfice.

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PHOTOS COURTOISIE, APLTI - NADEAU PHOTO SOLUTIONS 3 1. et 2. En octobre 2018, un étrange panache de couleur rougeâtre provenant des haldes de la Société Asbestos Limited s’est déversé dans la rivière Bécancour 3. Les haldes de résidus miniers et la rivière Bécancour
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Président, APLTI
RÉJEAN VÉZINA Président, APLTI

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