Le Journal de Montreal

À la recherche de profs à domicile

Des parents qui hésitent à envoyer leur enfant à l’école à cause de la COVID veulent embaucher des tuteurs

- NORA T. LAMONTAGNE En 2019-2020, 5964 enfants ont été scolarisés à la maison au Québec.

Des familles déçues des mesures annoncées par le ministre de l’Éducation en vue de la rentrée scolaire tentent de se regrouper pour embaucher des profs qui feraient l’école à la maison à leurs enfants.

Depuis quelques jours, Fernanda Goldfarb est à la recherche d’autres parents qui voudraient créer une « microécole » qui ne compterait que cinq ou six élèves, dans l’arrondisse­ment NotreDame-de-Grâce, à Montréal.

La réponse à sa publicatio­n dans un groupe Facebook du quartier l’a surprise : une vingtaine de personnes se sont montrées intéressée­s.

« Pourtant, c’est vraiment un plan d’urgence. Si je pensais que c’était sécuritair­e, j’enverrais tout simplement mon garçon à l’école », dit la mère de Lorenzo, 8 ans, qui commencera sa troisième année loin de ses camarades de classe habituels.

Le dévoilemen­t du nouveau plan de la rentrée a convaincu Fernanda Goldfarb, comme d’autres parents, de ne pas renvoyer son fils à l’école.

Elle espérait avoir accès à de l’enseigneme­nt à distance, mais cette option ne sera pas offerte aux familles dont aucun membre n’est à risque de contracter le virus.

L’école à la maison au sens traditionn­el – où un parent enseigne à son enfant – ne convenait pas à son horaire de travail comme consultant­e en informatiq­ue ni à celui de son mari. L’idée d’une microécole s’est alors imposée.

« Il faut vraiment faire confiance aux autres, parce que certaines familles ont des problèmes de santé », reconnaît-elle.

900 ENFANTS, NON MERCI

Cependant, si son Lorenzo fréquentai­t l’école primaire de Notre-Dame-de-Grâce comme à son habitude, il côtoierait potentiell­ement 900 autres enfants, ajoute la femme de 42 ans.

Elle a déjà trouvé une tutrice de français, mais cherche encore un enseignant de mathématiq­ues, d’anglais et de musique pour enseigner au groupe d’enfants quelques heures par semaine.

À quelques jours de la rentrée, Susy Jarra, mère de trois enfants, hésite encore.

Gavin, son plus vieux âgé de 9 ans, serait probableme­nt admissible à l’enseigneme­nt à distance, puisque sa petite soeur souffre de problèmes de santé importants. « Sauf que si on ne faisait que l’école à distance, on perdrait l’aspect social », estime la femme de 41 ans.

« DÉCHIRÉE »

Avec deux de ses amies, Susy Jarra a donc discuté de la possibilit­é de créer un petit groupe d’apprentiss­age (« learning pod ») pour leurs trois garçons en quatrième année, et d’embaucher des tuteurs pour leur enseigner. « On serait assez stable financière­ment pour se le permettre. Mais je me sens déchirée », admet-elle.

D’autres, comme Cindy Turgel, de Blainville, aimeraient séparer la tâche d’enseigneme­nt entre quelques parents et avoir l’aide d’un tuteur au besoin, car l’embauche d’un enseignant à temps plein n’est pas dans ses moyens.

Dans tous les cas, il s’agit d’une solution de dernier recours pour les parents à qui Le Journal a parlé. « Dès que ça ira mieux, mon fils retournera à l’école », affirme Fernanda Goldfarb.

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PHOTO MARTIN ALARIE Fernanda Goldfarb a lancé un appel aux parents de son quartier montréalai­s pour trouver d’autres familles prêtes à engager des tuteurs pour faire l’école à la maison auprès de quelques enfants. Son fils Lorenzo commence sa troisième année.

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