Vers une application de traçage
Le gouvernement a établi les balises qui encadreront cet outil en lien avec la COVID
Encouragé par l’appui des Québécois dans un sondage, le gouvernement Legault songe sérieusement à permettre l’application de traçage comme outil supplémentaire pour lutter contre la propagation de la COVID-19.
Avant même le début des consultations de la Commission des institutions qui doit permettre à de nombreux experts en droit, en éthique et en technologie de s’exprimer sur le sujet, le gouvernement a brandi les résultats positifs d’une consultation web publique.
Plus de 75 % des 17 000 citoyens qui ont participé se sont montrés favorables à l’application de traçage qui permet aux gens d’être informés s’ils ont été en contact avec une personne atteinte de la COVID-19.
La députée Joëlle Boutin, qui représente le gouvernement durant la commission, a indiqué que la décision n’est toujours pas prise.
Mais elle admet que Québec n’a pas attendu la fin du processus avec les experts avant d’élaborer les principes qui encadreront l’application gratuite et volontaire s’ils vont de l’avant.
« Il n’y aurait aucune géolocalisation, aucune technologie de GPS. On s’appuierait sur une technologie de type Bluetooth », a assuré la députée de Jean-Talon, ajoutant que l’outil sera totalement anonyme, sans biométrie et sans collecte de données personnelles. Elle avoue qu’aucune technologie n’est parfaite, mais que le Bluetooth est moins intrusif.
AVERTISSEMENTS
L’application serait la même que celle utilisée par Ottawa, « Alerte-COVID », qui a été conçue par des employés de l’entreprise technologique Shopify.
Ils ont refusé de participer à la commission et de répondre aux questions des élus qui s’inquiètent de la protection de la vie privée des citoyens.
Hier, la majorité des experts présents ont tenu à rappeler au gouvernement que l’efficacité de la technologie n’a pas été démontrée. Qu’une phase pilote et des tests devraient avoir lieu avant le déploiement au Québec.
Le président de la Commission de l’éthique en science et en technologie, Jocelyn Maclure, signale qu’une application n’est pas une solution majeure à la lutte contre le virus, mais au mieux, il s’agit d’une mesure complémentaire. Il recommande que les employeurs ne puissent pas obliger un employé à télécharger l’application et a ajouté que les créateurs de technologies ne sont pas des spécialistes de la santé publique.
GADGETS
Le professeur d’histoire Yves Gingras a aussi prévenu Québec de ne pas se laisser convaincre « par des vendeurs de gadgets » qui proposent des « solutions miracles » sans avoir fait de tests préalables.
Des experts en sécurité informatique français ont conseillé au Québec de ne pas utiliser d’application en raison des risques élevés de sécurité.
La Ligue des droits et libertés a soutenu que nos lois ne sont pas adaptées à cette nouvelle technologie afin de protéger la population.