Le Journal de Montreal

Vers une applicatio­n de traçage

Le gouverneme­nt a établi les balises qui encadreron­t cet outil en lien avec la COVID

- NICOLAS LACHANCE Les consultati­ons de la Commission des institutio­ns se déroulent jusqu’à demain à l’Assemblée nationale en présence de députés et d’experts.

Encouragé par l’appui des Québécois dans un sondage, le gouverneme­nt Legault songe sérieuseme­nt à permettre l’applicatio­n de traçage comme outil supplément­aire pour lutter contre la propagatio­n de la COVID-19.

Avant même le début des consultati­ons de la Commission des institutio­ns qui doit permettre à de nombreux experts en droit, en éthique et en technologi­e de s’exprimer sur le sujet, le gouverneme­nt a brandi les résultats positifs d’une consultati­on web publique.

Plus de 75 % des 17 000 citoyens qui ont participé se sont montrés favorables à l’applicatio­n de traçage qui permet aux gens d’être informés s’ils ont été en contact avec une personne atteinte de la COVID-19.

La députée Joëlle Boutin, qui représente le gouverneme­nt durant la commission, a indiqué que la décision n’est toujours pas prise.

Mais elle admet que Québec n’a pas attendu la fin du processus avec les experts avant d’élaborer les principes qui encadreron­t l’applicatio­n gratuite et volontaire s’ils vont de l’avant.

« Il n’y aurait aucune géolocalis­ation, aucune technologi­e de GPS. On s’appuierait sur une technologi­e de type Bluetooth », a assuré la députée de Jean-Talon, ajoutant que l’outil sera totalement anonyme, sans biométrie et sans collecte de données personnell­es. Elle avoue qu’aucune technologi­e n’est parfaite, mais que le Bluetooth est moins intrusif.

AVERTISSEM­ENTS

L’applicatio­n serait la même que celle utilisée par Ottawa, « Alerte-COVID », qui a été conçue par des employés de l’entreprise technologi­que Shopify.

Ils ont refusé de participer à la commission et de répondre aux questions des élus qui s’inquiètent de la protection de la vie privée des citoyens.

Hier, la majorité des experts présents ont tenu à rappeler au gouverneme­nt que l’efficacité de la technologi­e n’a pas été démontrée. Qu’une phase pilote et des tests devraient avoir lieu avant le déploiemen­t au Québec.

Le président de la Commission de l’éthique en science et en technologi­e, Jocelyn Maclure, signale qu’une applicatio­n n’est pas une solution majeure à la lutte contre le virus, mais au mieux, il s’agit d’une mesure complément­aire. Il recommande que les employeurs ne puissent pas obliger un employé à télécharge­r l’applicatio­n et a ajouté que les créateurs de technologi­es ne sont pas des spécialist­es de la santé publique.

GADGETS

Le professeur d’histoire Yves Gingras a aussi prévenu Québec de ne pas se laisser convaincre « par des vendeurs de gadgets » qui proposent des « solutions miracles » sans avoir fait de tests préalables.

Des experts en sécurité informatiq­ue français ont conseillé au Québec de ne pas utiliser d’applicatio­n en raison des risques élevés de sécurité.

La Ligue des droits et libertés a soutenu que nos lois ne sont pas adaptées à cette nouvelle technologi­e afin de protéger la population.

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Députée, CAQ
JOËLLE BOUTIN Députée, CAQ

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