Le Journal de Montreal

Un être d’exception

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Dans le cycle gourmant de l’info, la pandémie mondiale balaie presque tout sur son passage. L’ampleur même du phénomène l’explique amplement.

À la fin juillet, une brève a néanmoins capté mon attention. Le Dr André Robidoux, éminent chirurgien­oncologue au CHUM, était décédé d’un cancer incurable à l’âge de 72 ans.

Je pourrais vous parler de ses travaux de recherche, de ses années d’enseigneme­nt, de son combat passionné pour les femmes atteintes du cancer du sein, de ses publicatio­ns ou des nombreux prix qu’il a reçus.

Je choisis plutôt de vous parler de l’homme derrière l’oncologue. J’ai rencontré le Dr Robidoux une seule fois dans ma vie, mais elle fut déterminan­te. Retour vers le futur.

Nous sommes à Montréal en 1996. Négligé depuis un an, je fais mon autoexamen. Merde ! Je sens une masse dans mon sein droit. Mon médecin de famille de l’époque est en vacances. Où aller ?

Un ami me conseille la clinique sans rendez-vous de la Cité. Le matin, je vois un omnipratic­ien, le Dr De Smet. Il m’examine. Sa réaction : « Je n’aime pas cette masse ».

ÇA NE VA VRAIMENT PAS

Illico, il m’envoie passer une mammograph­ie. « Attendez les films, et rapportez-les-moi ici dès que vous les avez. » Ce que je fais. Il les regarde. Ça ne va vraiment pas.

Il me dit qu’un oncologue me verra à l’Hôtel-Dieu dès l’après-midi. Il me donne son nom : Dr André Robidoux. Accompagné­e de deux amis, je vais le voir.

Il m’examine et décide de procéder à une biopsie sur-le-champ. « Attention, madame, ça va pincer », qu’il me dit tout doucement. À l’époque, les laboratoir­es n’avaient pas encore été centralisé­s hors des hôpitaux.

Les résultats étaient donc plus rapides. « Revenez demain, me dit le Dr Robidoux, on saura mieux ce qui se passe. » « Demain ? Non, c’est trop long », que je lui réponds, inquiète.

DES MILLIERS DE FEMMES

Sa réaction ? Il appelle le laboratoir­e : « Écoutez, j’ai une jeune femme de 35 ans devant moi. Elle est pleine de vie, mais sa mère est morte du cancer l’an dernier. Je vous envoie sa biopsie. Pouvez-vous mettre un “rush” sur l’analyse ? »

Il me conforte et me demande de revenir le voir en fin d’après-midi. Il m’annoncera que j’ai un cancer du sein agressif et qu’il me faudra une chirurgie suivie de traitement­s de chimiothér­apie et de radiothéra­pie.

En une seule journée, grâce à l’extrême célérité des docteurs De Smet et Robidoux, j’ai su ce qu’il m’arrivait.

Par prudence, je suis vite allée chercher une deuxième opinion. Un autre oncologue me confirmera le diagnostic.

Parce que je voulais retourner en terrain familier, après la chirurgie, j’ai décidé de poursuivre mes traitement­s avec l’oncologue qui avait soigné ma mère. Un homme remarquabl­e et dévoué, lui aussi, un être d’exception.

Je n’ai cependant jamais oublié le Dr André Robidoux.

Mon histoire n’est qu’une seule parmi toutes celles de milliers de femmes qui, confrontée­s au cancer du sein, ont eu l’immense privilège de pouvoir compter sur son écoute attentive, son très grand profession­nalisme et son humanisme indéfectib­le.

Merci pour tout. Nous ne l’oublierons pas.

Il me dit qu’un oncologue me verra à l’Hôtel-Dieu dès l’après-midi. Il me donne son nom : Dr André Robidoux.

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