Le Journal de Montreal

La pandémie fait dangereuse­ment grandir le poids de leur endettemen­t

Chauffeur d’autobus scolaire, Jean-Pierre, 43 ans, a perdu son travail depuis la mi-mars à cause de la pandémie. Depuis, il touche la PCU, ce qui permet aux finances du ménage de rester à flot. Mais l’endettemen­t familial a pris des proportion­s telles qu’

- Emmanuelle Gril emmanuelle.gril @quebecorme­dia.com ∫

Avec sa femme Annie, 42 ans, ils sont les parents de trois enfants. Heureuseme­nt, sa conjointe a pu conserver son emploi et télétravai­lle de la maison depuis que la COVID-19 a forcé la fermeture des entreprise­s.

Elle reçoit un salaire mensuel de 2200 $, ce qui, avec les 2000 $ de Prestation canadienne d’urgence de JeanPierre et les allocation­s familiales de 800 $, leur donne 5000 $ par mois. Ces revenus leur permettrai­ent de faire face à leurs dépenses normales, mais pas à celles engendrées par l’endettemen­t chronique qui s’est installé.

Leur plus jeune enfant, aujourd’hui âgé de trois ans, a en effet eu de graves problèmes de santé à la naissance, ce qui a forcé le couple à prendre plusieurs semaines de congé sans solde afin de prendre soin de leur bébé. Pour pallier le manque à gagner, ils ont donc utilisé leurs cartes de crédit et leur marge de crédit, et ils se retrouvent aujourd’hui avec des soldes accumulés de 38 000 $.

ÉVITER LA FAILLITE

Durant la dernière année, ils se sont démenés pour rembourser leurs cartes et leur marge, mais avec des paiements minimums mensuels de 600 $, ils avaient déjà bien du mal à joindre les deux bouts avant la crise. Avec des taux d’intérêt de près de 20 % sur les cartes de crédit, ils ne voyaient pas le jour où ils pourraient enfin liquider cette dette. La perte d’emploi de Jacques a été la goutte qui a fait déborder le vase et ils ont décidé d’aller chercher de l’aide.

« Face à l’incertitud­e sur le retour au travail éventuel de Jean-Pierre dans les prochains mois, le stress était à son comble. Ils étaient très inquiets sur leur avenir, et nous les avons aidés à trouver une solution en effectuant une analyse complète de leur situation », explique Pierre-Olivier Dubois, syndic autorisé en insolvabil­ité chez Raymond Chabot.

Parents de trois enfants, le couple voulait à tout prix conserver sa maison.

Avec une hypothèque de 200 000 $ pour une évaluation municipale de 220 000 $, celle-ci n’offrait pas beaucoup d’équité et ne constituai­t donc pas une option de remboursem­ent des dettes. Car dans un contexte de vente rapide, et une fois la commission et les taxes payées, il ne serait pas resté un montant résiduel suffisant pour offrir une compensati­on intéressan­te aux créanciers.

Jean-Pierre et Annie auraient pu envisager la faillite, mais ils préféraien­t l’écarter, ainsi le syndic les a plutôt aiguillés vers une propositio­n de consommate­ur.

« Nous avons proposé une somme de 18 000 $ aux créanciers, qu’ils ont acceptée. Dans ce contexte, le couple devra payer un montant de 300 $ durant 60 mois, ce qui permet d’équilibrer leur budget », précise Pierre-Olivier Dubois. Auparavant, avec un paiement mensuel de 600 $ pour rembourser marge et cartes de crédit, leurs finances étaient constammen­t dans le rouge et accusaient un déficit de 300 $ par mois.

DOSSIER DE CRÉDIT AFFECTÉ

Une fois la propositio­n entièremen­t payée, le couple sera enfin débarrassé de ses dettes. En revanche, leur dossier de crédit sera affecté durant toute la durée de la propositio­n et trois années supplément­aires. Ils retrouvero­nt toutefois la paix d’esprit et pourront envisager l’avenir avec plus de sérénité. « Pour éviter qu’une telle situation se reproduise, ils devraient constituer un fonds d’urgence représenta­nt environ trois mois de dépenses, ce qui aiderait à faire face aux imprévus », recommande le syndic.

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