Le Journal de Montreal

Les féministes enragées expurgent notre culture

- GUY FOURNIER guy.fournier@quebecorme­dia.com

Si les gens de bonne foi, hommes et femmes, restent les bras croisés, les féministes enragées finiront par venir à bout de notre patrimoine culturel.

Nos vieilles séries de télévision sont leur dernière cible. Épaulées par quelques jeunes journalist­es en mal de notoriété, ces nouvelles sorcières veulent expurger de notre répertoire audiovisue­l toutes les scènes où elles perçoivent du machisme ou du racisme.

Peu leur chaut que les personnage­s féminins des séries actuelles jurent comme des charretier­s ou discutent de leurs aventures sexuelles comme elles deviseraie­nt du beau temps ! Entre femmes, tout est permis. Mais il faut absolument expurger des séries anciennes le machisme de Pierre Lambert (Lance et compte), de Rémi Duval (Jamais deux sans toi) ou de Mario Duquette (Du

tac au tac). Même les propos de Sophie (Marie-Hélène Thibault) dans Catherine sont à censurer. Dans une émission de la série, la malheureus­e parle « de pouvoir enfin emmener un gars dans son lit sans devoir le faire boire, l’assommer ou le prendre en otage ! » Des propos insupporta­bles.

Une fois qu’elles auront passé le balai, restera-t-il quelque chose des films de Denis Héroux ? Sa Valérie ira sûrement rejoindre au fond d’un puits les deux femmes en or et la trop délurée Andrée Pelletier, du film

Les mâles de Gilles Carle. Elles font honte à toutes les femmes, celles-là. Mon oncle Antoine, on n’en parle plus. Comme les films de Woody Allen. Les allégation­s d’agressions sexuelles contre leurs réalisateu­rs en ont eu raison.

YVON DESCHAMPS A ÉTÉ VISIONNAIR­E

Attendez que le couperet de nos justicière­s s’abatte sur le

théâtre. La duchesse de Langeais, Demain matin, Montréal m’attend, La cage aux folles

et tant d’autres pièces ne s’en tireront pas indemnes. C’est fini la caricature des homosexuel­s et leurs propos dérogatoir­es ou trop légers sur les femmes.

Si Yvon Deschamps a pris sa retraite prématurém­ent, c’est qu’il est visionnair­e. Il a compris avant tout le monde que ses monologues racistes et terribleme­nt sexistes soulèverai­ent contre lui les foudres de la meute. Gratien Gélinas, Jacques Normand, Gilles Pellerin, Normand Hudon et leurs semblables ont quitté le monde à temps. Leurs blagues ne feraient plus rire personne, sauf quelques hommes grossiers ou entêtés.

Les grands classiques ne s’en tireront pas. Je ne vois pas comment on pourrait mettre en scène sans y pratiquer de généreuses coupures une comédie aussi insolente pour les femmes que

Les précieuses ridicules de Molière. Juste son titre est une insulte.

QUI AURA LE COURAGE D’INTERVENIR ?

Il faudra bien, si ces féministes veulent être conséquent­es, qu’elles finissent par s’attaquer aux livres fondateurs du christiani­sme. Non seulement les évangiles racontent les aventures terrestres du Christ et de sa gang de machos, mais ils s’attardent sur le triste cas d’une femme adultère. On doit contextual­iser ces passages, ce genre de femme n’existant plus.

Trêve de plaisanter­ie (mais en est-ce vraiment ?), il n’y a pas si longtemps, on aurait fait des gorges chaudes de ce révisionni­sme, mais ce n’est plus le cas. Le monde a bel et bien basculé dans une ère différente. La rectitude politique, morale et sexuelle, balayée par les vents violents des réseaux sociaux, se propage à la vitesse d’un feu de forêt. Si personne n’intervient, ceux qui nous suivent ne sauront presque rien du patrimoine culturel qu’on avait réussi à bâtir tout au long du siècle dernier.

La rectitude politique, morale et sexuelle, balayée par les vents violents des réseaux sociaux, se propage à la vitesse d’un feu de forêt.

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