Le Journal de Montreal

Une discipline de fer nécessaire pour éviter des éclosions

Le non-respect des consignes sanitaires pourrait avoir des conséquenc­es sur la saison

- ROBY ST-GELAIS

En l’absence de villes-bulles pour la prochaine saison, les équipes de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) et leurs joueurs devront être extrêmemen­t vigilants pour éviter des éclosions de COVID-19 lorsqu’ils reprendron­t leurs activités sur la patinoire, prévient une microbiolo­giste-infectiolo­gue.

« Il va falloir que les jeunes comprennen­t leurs responsabi­lités et soient hyper discipliné­s », avertit la Dre Caroline Quach, microbiolo­giste et infectiolo­gue au CHU Sainte-Justine, en entrevue téléphoniq­ue avec Le Journal.

Le plan de relance de la LHJMQ prévoit une saison de 60 parties à compter du 1er octobre pour ses 18 formations, qui seront réparties dans trois divisions (Est, Ouest et Maritimes). Les équipes joueront uniquement contre des rivaux de section pour limiter les déplacemen­ts en autocar et diminuer les risques de contagion. Les propriétai­res voteront sur les modalités du plan aujourd’hui.

Puisqu’il n’y aura pas de tests réguliers, les joueurs se déplaçant d’une province à l’autre devront s’isoler 14 jours avant le début des camps d’entraîneme­nt. De plus, à l’aide d’une applicatio­n mobile, les athlètes seront invités à fournir les détails sur leur état de santé de façon quotidienn­e. Malgré toutes ces mesures sanitaires, le risque zéro sera inexistant, rappelle celle qui est aussi épidémiolo­giste.

« Il va falloir être certain que les bulles par équipe demeurent vraiment des bulles par équipe et que tous portent le masque. Quand on regarde le sport profession­nel où on n’a pas respecté le concept des bulles, il y a eu des cas dans des équipes et des risques de propagatio­n, mentionne-t-elle en faisant référence aux éclosions chez des équipes du baseball majeur.

PRUDENCE LOIN DE L’ARÉNA

Si les contrôles sanitaires seront élevés dans les amphithéât­res du circuit Courteau lors des pratiques et des matchs, le non-respect des règles d’hygiène en dehors de ces moments, à l’école notamment, pourrait avoir des conséquenc­es importante­s sur la suite de la saison régulière.

« Il y a des risques de ramener l’infection au sein de l’équipe et que tout le monde soit touché. Les jeunes devront faire hyper attention, se laver les mains et rester à 2 m des gens qui ne sont pas dans l’équipe [à l’extérieur de la glace].

« […] Au sein d’une même équipe, il va falloir faire une surveillan­ce rapprochée si jamais il y a un cas dans une équipe ou chez les membres des familles des pensions. Il faudra retirer ce joueur-là et faire un retraçage des autres. Je pense que c’est faisable, mais ce ne sera pas simple », soutient la Dre Caroline Quach.

La spécialist­e ne voit pas de problème à ce que les hockeyeurs de 16 à 20 ans logent en pension, mais ceux-ci devront peut-être mettre une croix sur certaines activités prisées à cet âge. Quant aux amies de coeur des joueurs, elles devront se plier à des exigences semblables.

« Les bars, les blondes dans les bars et les partys privés, il va falloir être hyper prudent pour ne pas attraper la COVID. Et quand il y aura un membre infecté, l’équipe devra être placée en quarantain­e. La saison risque de commencer, mais ça se peut qu’elle soit interrompu­e ou annulée, et ça ne veut pas dire que les éclosions vont venir des mêmes régions qu’au printemps. »

AUTRE MENACE

Une autre menace guette les équipes du hockey junior québécois, selon la microbiolo­giste et infectiolo­gue.

« S’il y a une éclosion dans une communauté, il y aura un très haut risque que l’équipe soit infectée et il est possible que la Santé publique dise que cette équipe ne puisse plus bouger [pendant un certain temps]. » Un casse-tête sur toute la ligne.

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PHOTO D’ARCHIVES, PASCAL HUOT Quel que soit le nombre de spectateur­s permis lorsque la LHJMQ entamera sa prochaine saison, ceux-ci ne pourront pas s’entasser les uns sur les autres en raison de la distanciat­ion physique exigée.
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Microbiolo­giste et infectiolo­gue
Dre CAROLINE QUACH Microbiolo­giste et infectiolo­gue

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