Le Journal de Montreal

La religion de l’Autre

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Ça fait longtemps qu’on s’en doutait, mais hier, on en a eu la preuve tangible.

Le Devoir n’est plus Le Devoir.

Le journal fondé par Henri Bourassa n’est plus que l’ombre de ce qu’il a déjà été.

Jadis. Naguère.

Quand les intellectu­els de gauche ne ressentaie­nt pas le besoin de se rincer frénétique­ment la bouche avec du Lysol quand ils prononçaie­nt le mot « nationalis­me ».

RENDRE LA SOUVERAINE­TÉ SEXY

Dans son éditorial, le directeur Brian Myles établissai­t la liste des défis que Paul St-Pierre Plamondon, le nouveau chef du PQ, devait relever pour remettre son parti sur pied.

Parmi ceux-ci : « Réhabilite­r l’idée d’indépendan­ce » pour la rendre sexy auprès des jeunes.

« Il faut persuader la majorité des électeurs que le projet souveraini­ste est un projet inclusif, tourné vers l’avenir, et non un projet alimenté par le ressentime­nt et la méfiance à l’égard de l’Autre », écrit Myles.

« Le mouvement nationalis­te devra s’intéresser un peu plus à l’altérité, à moins de vouloir prêcher à des convertis […] et [ainsi limiter] la progressio­n de l’option souveraini­ste [à] son club social de nostalgiqu­es. »

Sur les ondes de Radio-Canada ou dans les pages de La Presse ,ce discours qui associe le mouvement souveraini­ste à l’intoléranc­e, à la fermeture et à l’exclusion (sans oublier les fumeux de pipe en bas bruns qui s’ennuient du curé Labelle) ne surprendra­it personne.

C’est le petit-lait quotidien de ces deux médias.

Mais dans les pages du Devoir ? Sous la plume de son directeur ? Vraiment ?

On est rendu là ?

DU SEL SANS SEL

J’ose une question… Pourquoi faire la souveraine­té sinon pour assurer notre survie linguistiq­ue et culturelle ?

C’est la base même de n’importe quel mouvement souveraini­ste !

Qu’est-ce qui motive les souveraini­stes catalans, selon vous ? Les souveraini­stes écossais ? Les souveraini­stes corses ? Les souveraini­stes tibétains ? Les souveraini­stes kurdes ? Les souveraini­stes wallons ?

L’idée de payer moins d’impôts ? Vider le mouvement souveraini­ste québécois de son aspect identitair­e, c’est comme vouloir du sel qui ne goûte pas le sel !

C’est bien beau, l’ouverture à l’Autre. Mais pour ça, il faut être deux. L’Autre. Et moi.

Comment puis-je m’ouvrir à l’Autre si je n’existe pas ?

Pourquoi tout le monde a le droit de dire « nous »… sauf nous ?

Les Hurons existent, les Mohawks existent, les Algonquins existent, les Cris existent, les Innus existent, les Attikameks existent…

Mais la nation québécoise, le peuple québécois, n’existe pas ?

Nous n’avons pas de culture, nous ? De langue ? D’histoire ? De traditions ? Toutes les communauté­s ethnocultu­relles ont le droit et le devoir de célébrer leur identité… sauf les Québécois francophon­es de souche ? On est quoi, nous, alors ? Rien ? On est tombés d’un arbre ?

Pourquoi toujours associer le mouvement souveraini­ste au racisme ?

UNE HONTE

Toujours la même rengaine : si tu n’es pas pour le multicultu­ralisme zélé à la Trudeau, tu es raciste et intolérant.

Combien de fois devra-t-on répéter que le mouvement nationalis­te québécois ne prône pas un nationalis­me ethnique ?

Chaque fois qu’un souveraini­ste parle, il devra précéder son discours d’une longue profession de foi antiracist­e, c’est ça ?

Demande-t-on aux anglos qui combattent la loi 101 de nous prouver qu’ils ne sont pas motivés par une haine viscérale des francophon­es ?

Que même Le Devoir laisse sousentend­re que le mouvement souveraini­ste est tenté par le racisme ethnique est une honte…

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